Comment motoriser u ntéléphérique urbaintout en minimisant saconsommation

Le 20/12/2016 à 0:00

B rest Métropole veut recentrer la ville sur les bords de la rivière Penfeld. Cette volonté passe notamment par la construction d'un téléphérique urbain innovant mis en service le 19 novembre dernier et dont le but consiste à renfor-cer les échanges entre les deux rives. D'une portée de 420 mètres, il permet de relier en trois minutes le centre-ville au nouveau quartier des Capucins, construit sur d'anciens terrains militaires d'une superficie de seize hectares. L'ouvrage, conçu selon la technique originale et innovante dite du «saut-de-mouton», est une première mondiale. Les deux cabines se croisent l'une au-dessus de l'autre, et non l'une à côté de l'autre comme dans un téléphérique classique, et arrivent sur le même quai. L'envergure du système et des stations, et donc l'emprise au sol, sont ainsi réduites avec pour conséquence un coût global du génie civil lui aussi abaissé. C'est un avantage particulièrement intéressant en milieu urbain où l'espace est limité. Cette approche innovante a permis la préservation du bâtiment de la station des Capucins, classé aux Monuments historiques. Traversant un unique pylône en acier, chaque cabine est accrochée à deux câbles porteurs de 50 millimètres de diamètre et tendus à 88 tonnes. Comme les deux cabines circulent simultanément sur la majorité du parcours, on évite ainsi l'effet de contrepoids généralement observé sur les installations de montagne.

Le cœur du système, l'entraînement des câbles de traction, est piloté par deux moteurs asynchrones Leroy-Somer IMfinity LC 315 de dernière génération avec refroidissement liquide, montés en maître-esclave sur le même arbre.

Faible consommation énergétique

Un des défis lancés par Brest Métropole consistait à mettre en œuvre une solution à basse consommation énergétique. L'idée d'une récupération de l'énergie de freinage s'est donc impo-sée, mais les opérateurs d'énergie ne valorisent pas encore systématiquement la réinjection de courant sur leur réseau. Le cadre législatif le prévoit par exemple pour la production d'énergie solaire, mais certainement pas lorsque le système consomme et réinjecte du courant sur des cycles très courts, comme c'est le cas pour le téléphérique de Brest. La solution choisie a donc consisté à stocker l'énergie dans des batteries de type supercondensateurs (appelés parfois supercapacités) lorsque les cabines sont en descente, pour que cette énergie soit ensuite réutilisée à la montée suivante. Le projet a été confié à Bartholet France, pour le système de téléphérique, et à Seirel Automatismes, spécialiste des équipements électriques et d'automatismes de sécurité, pour le transport par câble. « Nous avons contacté plusieurs fournisseurs et seule la société Leroy-Somer bénéficiait d'une expérience pour ce type d'applications en étant de plus capable de fournir tous les composants électromécaniques »,explique Thomas Savin,chef de projet pour Seirel Automatismes.

Afin de recentrer la ville sur les bords de la rivière Penfeld, Brest Métropole a mis en service le 19 novembre dernier un téléphérique urbain particulièrement innovant, dont le but est de renforcer les échanges entre les deux rives. D'une portée de 420 mètres, il permet de relier en trois minutes le centre-ville au nouveau quartier des Capucins.

Le cœur du système, l'entraînement des câbles de traction, est ainsi piloté par deux moteurs asynchrones Leroy-Somer IMfinity LC 315 (300 kW, 1500 tr/mn, 460V) de dernière génération avec refroidissement liquide, montés en maître-esclave sur le même arbre. Cette installation offre la possibilité supplémentaire d'une double redondance, puisqu'un seul des deux moteurs suffit à la poursuite de l'exploitation, en mode dégradé (vitesse inférieure). Les moteurs sont commandés par deux onduleurs Powerdrive MD2S Leroy-Somer, eux-mêmes alimentés par des redresseurs synchrones Powerdrive MD2R connectés au réseau électrique. Un convertisseur DC, également issu de la gamme Leroy-Somer, permet de gérer le fonctionnement des supercondensateurs M65V385F développés par Blue Solutions, filiale du groupe Bolloré ( voir figure 1 ). Les supercondensateurs ont été spécifiquement conçus pour satisfaire les besoins des applications industrielles nécessitant de fortes puissances électriques. Répondant à un cahier des charges des plus exigeants, ils se chargent et se déchargent en quelques secondes et assurent des durées de vie de plusieurs centaines de milliers de cycles.

« Cette réalisation n'aurait pu être possible sans l'expertise de Leroy-Somer dans l'ingé-nierie de projets , déclare Guillaume Bourgoint, responsable marketing applications pour Leroy-Somer. En nous appuyant sur une vaste gamme de moteurs et de variateurs aux technologies variées, nous avons la possibilité de proposer à nos clients du sur-mesure en termes de systèmes d'entraînement et d'automatisation. Ainsi, l'association du moteur IMfinity LC,caractérisé par la puissance en silence,avec le convertisseur Powerdrive MD2, la puissance à la carte, nous est apparue comme une évidence au regard des spécificités et des contraintes de l'application ».

« Nous avons apprécié que Leroy-Somer partage son savoir-faire et nous assiste lors de la phase de conception du projet avec son approche solution et son expérience. De plus, avoir un seul interlocuteur responsable de l'ensemble des composants de mouvement était une excellente garantie pour nous dans le cadre d'un projet aussi novateur.En particulier,nous souhaitions un unique fournisseur pour les moteurs et leur commande.Nous utilisions traditionnellement une autre marque de convertisseur, mais le Powerdrive MD2 de Leroy-Somer s'est révélé un jeu d'enfant à configurer », ajoute Thomas Savin de Seirel Automatismes. À noter également qu'en cas de perte de réseau, un mode secours, sur groupe électrogène avec un alternateur basse-tension de type LSA 44.3, également fabriqué par Leroy-Somer, permet le rapatriement en gare des cabines. Plus généralement, la sécurité a été étudiée dans les moindres détails pour parer à toutes les éventualités. « C'est la première fois qu'un téléphérique intègre une solution de récupération de l'énergie avec des batteries. Cette réalisation est à l'image de notre société qui sait se positionner sur des projets d'ingénierie plus complexes et servira sans doute d'inspiration pour d'autres projets à travers le monde », explique Nicolas Chapuis, directeur général de Bartholet France.

Silence et compacité

« Un autre défi du projet était que l'espace disponible pour l'implantation des moteurs se trouvait à proximité immédiate des voyageurs. La conception d'inspiration industrielle du projet a induit que les moteurs sont seulement à quelques centimètres derrière une baie vitrée,à la vue des usagers.Le silence et la compacité des équipements sont donc essentiels à l'ergonomie du site et au confort des passa-gers.Làencore,Leroy-Somer s'est distingué de la concurrence avec sa solution de moteurs IMfinity LC », indique Nicolas Chapuis de Bartholet France. Refroidi par liquide, un moteur asynchrone de la gamme IMfinity LC est jusqu'à 25% plus compact qu'un moteur refroidi par air de puissance équivalente. De plus, son niveau sonore est également diminué de 10 à 20 dB, permettant une discrétion acoustique optimum.Ce gain s'explique par l'efficacité du circuit de refroidissement qui enveloppe complètement la motorisation. Sa conception fiable et son rendement énergétique premium de classe IE3 en font l'un des moteurs les plus aboutis de la gamme IMfinity. « La série LC, proposée de 150 kW à 1,5 MW, est idéale dans tous les cas où le moteur est proche des opérateurs ou des utilisateurs de l'application. Elle répond à un besoin de plus en plus pressant de confort acoustique des équipes de travail d'un atelier ou des utilisateurs se trouvant à proximité », explique Guillaume Bourgoint de Leroy-Somer.

Des gains significatifs

Les variateurs Powerdrive MD2 de Leroy-Somer employés pour cette application sont utilisés dans leurs trois modes de fonctionnement : régénératif AFE, onduleur moteur et DC/DC en gestion de stockage d'énergie.

Le trajet de ce téléphérique se prête plutôt bien au développement d'un système régénératif de récupération de l'énergie, car il s'effectue d'abord en montée, puis en descente, les points de départ et d'arrivée étant à une altitude équivalente. De l'énergie est consom-mée pour arriver au point sommital de la ligne. Une fois ce point franchi, la phase de descente constitue une source d'énergie de freinage réinjectable dans le système pour alimenter à nouveau la montée, réduisant ainsi la facture éner-gétique d'une manière très significative ( voir figure 2 ). « Cette réalisation peut servir d'exemple pour d'autres applications industrielles, pourquoi pas en levage par exemple , explique Thomas Savin de Seirel Automatismes, « L'économie énergétique est théoriquement supérieure à 90 %, mais le principal frein aujourd'hui se situe au niveau des supercapacités.Ici,nous les avons dimensionnées pour stocker environ la moitié de l'énergie nécessaire et cela représente déjà un investissement de 200 000 euros. Mais il est probable que ce coût diminue rapidement dans un futur proche. ».

Copy link
Powered by Social Snap