Des nanocapteurs de très haute sensibilité

Le 22/05/2012 à 11:42

[exclus="c"]Le prix Norbert Ségard 2011 a été remis à Jean-Jacques Bois, cofondateur de Nanolike. Il récompense un dispositif de dépôt de nanoparticules visant à créer des capteurs de haute sensibilité, à faible consommation énergétique.

 

 En janvier dernier, la fondation Norbert Ségard remettait le prix du jeune ingénieur créateur à deux lauréats. Parmi eux, Jean-Jacques Bois, cofondateur de la start-up Nanolike. Pour ce jeune ingénieur diplômé de l’Insa de Toulouse, l’aventure a commencé il y a deux ans, suite à un brevet déposé par le Laboratoire de physique et chimie de nano-objets (LPCNO). « Nous avons compris que la technologie avait un très fort potentiel, en particulier dans le domaine de l’instrumentation. C’est pourquoi nous avons décidé de l’exploiter en créant notre propre société », explique Jean-Jacques Bois. L’innovation réside dans la maîtrise d’un procédé de dépôt de nanoparticules sur des substrats flexibles ou rigides (comme le silicium). Ces nano-objets, initialement en solution liquide, sont déposés les uns contre les autres et répartis de manière uniforme. Si l’on fait circuler un courant de part et d’autre du “collier de perles” ainsi obtenu, « on constate que la résistance de ce composant varie en fonction de différentes grandeurs : la température, l’humidité, la déformation, etc. », précise le jeune ingénieur. De là à transformer ce dépôt de nanoparticules en capteur, il n’y a qu’un pas… Suivant le type de nano-objets et de ligand, il est en effet possible de concevoir des éléments sensibles à l’une ou l’autre des grandeurs que l’on souhaite mesurer.
Ce n’est pas la première fois que l’on exploite les propriétés des nanoparticules. Elles sont par exemple utilisées en suspension dans des produits cosmétiques ou des peintures. « Mais jusqu’à présent, on ne maîtrisait que leur concentration. Personne n’était capable de les coller les unes à côté des autres sur un substrat », souligne Jean-Jacques Bois. Pour que le courant puisse correctement circuler, et qu’il soit possible de réaliser des capteurs identiques, il ne peut y avoir de manque ou d’amas de nanoparticules. Toute la difficulté réside donc dans l’homogénéité du dépôt formé.
Un large champ d’applications
L’intérêt de ce procédé est multiple. Contrairement à l’approche “top down” traditionnelle, il ne s’agit pas de découper un élément de silicium pour obtenir des composants de plus en plus petits (au risque de dégrader la qualité de la surface, et donc les performances du capteur), mais de travailler directement à l’échelle nanométrique. Les capteurs obtenus se distinguent ainsi par une sensibilité très importante. D’autre part, la consommation d’énergie est réduite au minimum (de l’ordre du micro­watt). Enfin, il y a tous les avantages de la miniaturisation. « Sur une surface d’un centimètre carré, nous pouvons placer une centaine de capteurs, précise Jean-Jacques Bois. Cela peut servir à accroître encore la fiabilité du résultat, ou à mesurer différentes grandeurs au même endroit ». Et pourquoi pas, à terme, « imaginer un film de nanocapteurs que l’on pourrait coller sur des surfaces comme des patchs circulaires »… Une solution qui pallierait les limites des capteurs actuels dans toutes les applications où le poids, l’encombrement et la consommation d’énergie sont des critères déterminants (aéronautique, automobile, etc.).
La jeune entreprise, hébergée par l’Insa de Toulouse, est actuellement à la recherche de partenaires industriels pour l’aider à développer sa technologie. Son objectif est de proposer des capteurs intégrés d’ici un à trois ans.
Marie-Line Zani-Demange

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