Un logiciel pour la programmation intuitive d’essais

Le 08/10/2012 à 10:48

Adas a conçu un logiciel pour les ingénieurs d’essai qui ne sont pas spécialisés dans la programmation. Avec Kallisté, il n’est pas nécessaire d’être un développeur pour créer ses applications de tests et de mesures. Les applications sont programmées sans langage, ni macro-langage.

Tout ingénieur d’essais emploie un logiciel dédié pour l’acquisition, la mesure, la supervision et l’interfaçage avec ses équipements. Il peut le développer lui-même via des langages ou environnements de programmation qui présentent une grande flexibilité mais qui exigent une certaine expertise informatique. Il peut également tirer parti de logiciels dédiés plus simples d’emplois mais difficilement adaptables à ses propres besoins. Enfin, il peut faire appel à une société de service qui développera une application sur mesure. Cette solution sera toutefois onéreuse et souvent plus longue à mettre en œuvre. C’est pour pallier ces inconvénients qu’Adas a imaginé un nouveau concept: « Faire en sorte que les ingénieurs d’essais puissent concevoir leur application sans langage de programmation spécifique. Notre objectif était de leur offrir la possibilité de la développer eux-mêmes au moyen d’un environnement simple et intuitif ne nécessitant pas de connaissances particulières, ni même une formation de base», explique Alain Lainé, directeur commercial chez Adas, une division de Nexeya Products. Ce projet dont le développement a démarré en 2009 et a impliqué 5 personnes pendant deux ans et demi s’est achevé en 2012 par le lancement de Kallisté. Ce qui représente « un gros développement pour une société française de 20 personnes », note Alain Lainé. Pour Nexeya, la maison mère qui a financé ce projet, il s’agissait d’élargir l’activité d’Adas au secteur de la mesure classique au-delà de la télémesure, domaine restreint et sans réel potentiel de croissance. Avec Kallisté, il n’est pas nécessaire d’être un développeur pour créer ses applications de tests et de mesures.

 

Des phrases simples

 

Les applications sont programmées sans langage, ni macro-langage. Les programmes sont simplement écrits par des phrases (en anglais uniquement car le logiciel bien que de conception française a vocation d’être employé par des industriels implantés dans le monde entier). Ils n’exigent pas la manipulation de valeurs en virgules flottantes au moyen de mots et d’acronymes mais s’intéressent directement à des volts, des degrés, des accélérations, etc… au moyen de phrases constituées de sujets, de verbes, de compléments que l’ingénieur choisit selon l’objet qu’il a sélectionné et les propriétés, verbes et actions qui lui sont associés et les insère dans sa fenêtre projet pour constituer les phrases. Les mots sont proposés selon le contexte d’utilisation et l’objet sélectionné. Il existe plus de 60 objets mais un kit de développement est proposé à ceux qui souhaitent en créer selon leurs besoins. Ceux-ci se répartissent en trois catégories : les contrôles, les atomes et les drivers. Les contrôles sont les objets qui possèdent une interface opérateur. L'objet Knob permet par exemple à un opérateur de spécifier une valeur numérique au moyen d'un bouton tournant du style potentiomètre rotatif. L'objet Numeric Display affiche un nombre dans un afficheur de type voltmètre numérique. Le contrôle XYGraph trace des courbes dans un repère orthonormé. Il existe divers techniques et fonctionnalités pour tracer ces courbes. Les atomes qui sont des objets ayant des propriétés, des verbes, des jobs, mais qui sont dénués d’interface opérateur. Ils ne sont pas présents à l’écran mais mettent en œuvre les opérations internes à l’application qui sont faites en dehors de toutes actions de l’utilisateur. L'atome Function Generator génère des signaux de divers types sous la forme de vecteurs de nombres. L'atome Loop sert à mettre en place diverses formes de structure algorithmiques de type boucles. L’objet Math effectue des traitements mathématiques sur des données scalaires ainsi que sur des tableaux ou des matrices de valeurs. Enfin, les drivers assurent l’interface entre l’application et les ressources externes telles que des instruments de mesure, des serveurs Ethernet, etc… Au final, l’ingénieur d’essais ne manipule que des objets qu’il glisse avec la souris dans les fenêtres constituant son application : notamment celle rassemblant la liste des phrases des tâches à réaliser et celle de l’IHM et de visualisation des mesures.  Cerise sur le gâteau : « la plupart du temps il n’y a pas à se soucier du types des données. Le système gère tous ces détails dans 99% des situations», assure Alain Lainé. Kallisté manipule les données sans que l’utilisateur n’ait besoin de préciser leur type informatique. Lorsqu’une propriété d’un objet reçoit une nouvelle valeur, elle l’interprète telle qu’elle en a besoin. Ainsi l’utilisateur n’a à faire qu’à des volts, des ampères, et non pas des doubles, des singles, etc… Si un objet émet des données sous forme de caractères et qu’il les transmet à un autre objet qui attend des chiffres, ce dernier interprétera les données reçues correctement. Cela s’applique tant aux constantes ou variables scalaires, vecteurs ou matrices.
Youssef Belgnaoui

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