Le Concept D'usine Du Futur Convainc De Plus En Plus D'industriels En France

Le 01/02/2015 à 0:00
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A lors que le salon Industrie se déroulera cette année du 7 au 10 avril 2015 à Eurexpo Lyon, la société organisatrice de cette manifestation, GL events Exhibition, a tenu une conférence de presse le mois dernier pour présenter les grandes lignes de cette grand-messe française de l'industrie qui alterne entre Paris et la capitale du Rhône. C'est dans ce cadre qu'a été dévoilé pour la quatrième fois consécutive, l'Observatoire d'Industrie, une enquête menée par l'Institut MRCC auprès d'entreprises françaises afin de prendre le pouls de l'industrie dans notre pays. Pour cette quatrième étude clôturée le 5 janvier 2015, pas moins de 453 décideurs de l'industrie –dirigeants d'entreprises et directeurs de sites de production ayant une implantation en France– ont répondu à cette enquête et livré leur sentiment sur le sujet. Les publics ciblés par cette enquête sont répartis en trois catégories: les donneurs d'ordres, industriels, assembleurs finaux ou intermédiaires (35% du panel); les acteurs de la sous-traitance industrielle (43%); les sociétés de bureaux d'études, d'ingénierie, de conseil, de design (22 %). Les questions posées aux sondés ont porté sur sept thématiques différentes: la perception du contexte économique ambiant en France, les freins au développement des sociétés, les perspectives d'évolution pour 2015, ainsi que les prévisions d'investissements, la place de l'innovation dans l'entreprise, la relation clients/fournisseurs, l'intérêt du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) et enfin la vision des entreprises par rapport au concept d'usine du futur (ou industrie).

L'Observatoire d'Industrie 2015

Une situation économique toujours morose

En ce qui concerne la perception qu'ont les répondants du contexte économique de la France pour 2015,le sentiment des industriels reste figé depuis 3 ans avec une sorte de pessimisme ambiant puisqu'ils sont 56% à qualifier la situation de défavorable ( voir figure 1 ), soit peu ou prou autant que lors des deux années précédentes (54% en 2014, 57% en 2013). Pour expliquer ce sentiment, les enquêteurs ont soumis aux répondants différentes causes possibles qu'ils ont dû noter de 0 à 10, une note de 0 indiquant que le critère en question ne constitue en aucun cas un frein au développement de la société et une note de 10 qualifiant au contraire le frein le plus important ( voir figure 2 ).Résultat: c'est le manque de visibilité du marché qui est désigné par les répondants comme principal frein au développement de leurs sociétés avec une note moyenne du panel de 7,3.Viennent ensuite le cadre fiscal (7,0),l'insuffisance de la demande (6,8), le cadre légal (6,4) et le cadre administratif (6,1). A noter qu'en 2014, c'est le cadre fiscal qui avait été désigné comme principal frein au développement des entreprises (avec une note de 7), devant le manque de visibilité (6,6) et l'insuffisance de la demande (6). Le manque de visibilité semble être un critère de plus en plus handicapant puisque sa note progresse par rap-portaux années précédentes (6,5 en 2012, 6,6 en 2013 et 2014, 7,3 en 2015). Plus inquiétant encore, le critère dont la note grimpe le plus est l'insuffisance de la demande, critère que se voit attribuer la note de 6,8 pour 2015, alors qu'elle n'était que de 5,5 en 2012. En revanche, le prix des matières premières, le recrutement de cadres, la capacité de production ou bien encore l'approvisionnement en matières premières ne sont pas considérés comme des obstacles importants à la progression des sociétés actuellement (notes inférieures à 5 pour tous ces critères en 2015). Face à ce futur proche incertain, ils ne sont que 21 % à considérer que leurs commandes seront orientées à la hausse au cours des 12 prochains mois (29% en 2014), contre 32% qui s'attendent à une tendance baissière (25% en 2014). 40% des sondés misent sur un statut quo ( voir figure 3 ). Autre manière de dire les choses: exprimé en mois de travail, le volume de commandes est pour la grande majorité des répondants inférieur ou égal à 3 mois ( voir figure 4 ). Cette part se situe à 70% pour la catégorie des donneurs d'ordres, industriels, assembleurs finaux ou intermédiaires, à 86% pour les acteurs de la sous-traitance industrielle et à 75% pour les sociétés de bureaux d'études, d'ingénierie, de conseil, de design.

L'Observatoire d'Industrie 2015 L'Observatoire d'Industrie 2015

Poursuivre les investissements et l'innovation

Pour autant, les industriels ont l'intention de continuer à investir car c'est maintenant qu'il faut préparer le rebond que tous espèrent.Ainsi, 60% des répondants envisagent de stabiliser ou d'augmenter leurs investissements en 2015 (40 % s'apprêtent à les réduire). Cette part s'élève à 69% pour la catégorie du panel composée des industriels, donneurs d'ordres et assembleurs. Parmi les grands axes de développement de cette «population», figurent, par ordre d'importance, la productivité (52%), la réduction des coûts (43%), la qualité (37%), la R&D (33%) et la formation et le développement de compétences internes (33%). Le développement vers d'autres marchés et l'exportation ne sont cités que par 29% des sondés. Il faut dire que près des deux tiers (63%) possèdent déjà une activité hors de France.

Quand les enquêteurs en viennent à évoquer l'innovation avec le panel des personnes sondées, un quasi-consensus se dégage: 94% des répondants estiment en effet qu'une entreprise plus innovante est une entreprise plus performante, et cela quel que soit le type d'industrie et quelles que soient les réalités du marché. Chez les industriels, donneurs d'ordres et assembleurs, les trois principaux axes d'innovation porteront en 2015 sur des ruptures technologiques et une amélioration des performances des produits (47%), sur le design, l'ergonomie et l'usage des produits (43%) et sur les procédés internes de fabrication (38%). Chez les sous-traitants, l'innovation se situera surtout au niveau des procédés de fabrication (40%), du service (33%) et des ruptures technologiques (30 %). Enfin, pour les sociétés de bureaux d'études, d'ingénierie, de conseil, de design, la priorité résidera dans les innovations de ruptures technologiques (53%), les services (31%) et les aspects liés au design, à l'ergonomie et à l'usage des produits (28%).

L'Observatoire d'Industrie 2015 L'Observatoire d'Industrie 2015

Les relations clients/fournisseurs constituent également un aspect important de la vie des entreprises industrielles. Interrogées sur ce point, les trois catégories de sondés (industriels, sous-traitants, bureaux d'études, de conseil, de design) répondent de concert que ces relations clients/fournisseurs sont régies par le contrat cahier des charges/prix (66%). Seuls 34% qualifient leurs relations de collaboratives. Pour les trois grands types d'acteurs, le maître mot d'une collaboration clients/fournisseur réussie réside en premier lieu dans la confiance puisqu'ils sont 85% à citer ce critère. 82% estiment que cette confiance réciproque avec leurs clients est satisfaisante.Arrivée en deuxième place, la réactivité est citée par 72% des répondants et 76% en sont satisfaits. Sur la troisième marche du podium, la transparence est aussi l'une des clés d'une collaboration client/fournisseur réussie (42%). Une transparence sur laquelle de gros efforts restent à faire car seuls 60% des sondés la jugent satisfaisante ( voir figure 5 ).

L'usine du futur fait son chemin

Le panel a également été interrogé sur l'intérêt du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) dont un peu plus d'un tiers des sondés ont affirmé avoir recours ( voir figure 6 ).Si l'un des objectifs du CICE, à savoir améliorer la compétitivité des entreprises, semble être atteint par ce dispositif puisque c'est le premier intérêt cité par le panel (40%), le second objectif, celui de la création d'emplois, paraît plus difficile à concrétiser. En effet,seuls 19% des répondants affirment que le CICE leur permettra d'embaucher. Ils préféreront plutôt s'équiper en nouvelles machines (29%) ou investir enR&D (29% également).

Enfin, les sondés ont livré leur sentiment sur l'intégration des technologies de l'Internet dans les process industriels, une tendance qui ouvre la voie au concept d'usine du futur –que l'on retrouve également sous le vocable smart industrie ou industrie 4.0– et qui constitue l'un des moyens potentiels pour améliorer les performances et la compétitivité de l'industrie française. Et ils sont nombreux à plébisciter l'intégration de l'Internet dans les process industriels, puisque 86% des répondants estiment que c'est une chose intéressante,voire déterminante,pour l'avenir de l'industrie française ( voir figure 7 ).Des paroles qui ne sont pas encore systématiquement suivies d'actes, car seulement la moitié des personnes interrogées affirment que leur entreprise est plutôt avancée en la matière. Pour aller vers l'usine du futur, les sous-traitants industriels ayant répondu à l'enquête comptent privilégier une évolution au niveau de la production (74% citent ce critère), loin devant la numérisation de l'ensemble des informations (29%) et l'amélioration de la conception ou du design (23%). En revanche, pour les deux autres catégories de sondés (industriels, donneurs d'ordres, assembleurs d'une part et sociétés de bureaux d'études, d'ingénierie, de conseil, de design d'autre part), la répartition est plus équitable entre ces trois critères ( voir figure 8 ). Mais il y a une chose qui les rassemble, c'est qu'ils sont de plus en convaincus de l'intérêt de tendre vers l'usine du futur qui, rappelons-le, est au centre de l'un des 34 plans de la Nouvelle France industrielle dévoilés par le gouvernement.

L'Observatoire d'Industrie 2015 L'Observatoire d'Industrie 2015 L'Observatoire d'Industrie 2015

Pascal Coutance, à partir de l'enquête « Observatoire d'Industrie 2015 » réalisée par l'Institut MRCC

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