LES OUTILS DE MESURE ACCOMPAGNENT L'APRÈS-COVID-19

Le 10/07/2020 à 0:00

Après la période de confinement imposée par le Gouvernement afin d'enrayer la pro ­ pagation du Covid-19 et, ainsi, protéger tous les citoyens, une nouvelle phase a fait son apparition dès le 11  mai 2020 en France, celle d'un décon­finement par étapes successives. C'est ainsi que les gares ferroviaires, les commerces non alimentaires, les entreprises, les restaurants et tous les autres lieux susceptibles d'accueil­lir du public ont pu rouvrir progressivement dans certaines conditions et en respectant les recommandations (gestes barrières, distance minimale, port du masque, utilisa­tion de gel hydroalcoolique), compte tenu de la circulation encore plus ou moins forte du coronavirus.

DÉTECTER LES TEMPÉRATURES CORPORELLES ÉLEVÉES

Afin d'assurer la protection des clients et de leurs salariés, les entreprises ont diverses solutions à leur disposition telles que les masques, visières et panneaux en plexiglas. La surveillance de la température corporelle et les outils de distance sociale (voir encadré page 36) ont fait l'objet d'un certain nombre de communications de la part des fournisseurs, profitant d'une demande des industriels en forte croissance. « Assurer la sécurité des personnes est au premier plan dans tous les esprits en ces temps sans précé­dent. La recherche d'une solution de détection de température corporelle élevée répondant aux besoins des entreprises est difficile en si peu de temps », explique, dans un courriel, la société Acal BFi (groupe britannique discoverIE plc).

Le contrôle de la température corporelle des personnes, ici mis en œuvre à la mairie de Vélizy-Villacoublay, est l'un des leviers disponibles, en plus des masques et des gestes barrières.

S'il n'est pas possible de détecter un virus ou une infection avec une caméra thermique, « ses dernières sont utilisées depuis longtemps dans les usines, les aéroports, etc., en tant qu'outils efficaces pour mesurer la température de la surface de la peau et identifier les personnes présentant une température corporelle élevée (Elevated Body Temperature ou EBT), symptôme potentiel de contamination », pour­suit le français Equipement Scientifiques, un distributeur du fabricant américain de caméras thermiques Flir Systems. Pour détecter une EBT sans contact physique, une technique fiable et précise quelles que soient les conditions de température ambiantes consiste à mesurer, à l'aide d'une caméra infrarouge, la température sur la partie la plus chaude du visage, à savoir le canal lacrymal.

Flir Systems a d'ailleurs annoncé la disponibilité des caméras thermiques à poste fixe A400 et A700 pour le développement de produits, la surveillance d'équipements, de lignes de production et d'infrastructures stratégiques, la maintenance de sites, l'amélioration sur le plan de l'environnement, de la santé et de la sécu­rité, où l'on retrouve le dépistage des tempéra­tures corporelles élevées. « Face aux efforts déployés par la communauté internationale pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et étant donné l'intérêt revêtu par cette techno­logie, nous réserverons les premières livraisons des nouvelles caméras aux professionnels qui l'utilisent pour dépister les températures corpo­relles élevées ou pour compléter d'autres outils de dépistage similaires, afin de contribuer à la lutte contre le virus », annonce Jim Cannon, CEO de Flir Systems.

DES OUTILS POUR ASSURER LA DISTANCE SOCIALE

S i de nombreux systèmes existent pour la mesure des températures corporelles élevées (EBT), certains fabricants ont développé des solutions contribuant à assurer la « distanciation sociale » dans les usines et les entreprises. À l'image du britannique Veovo avec ses solutions Virtual Queueing et Passenger Density Management pour les transports ou de l'américain Triax Technologies avec Proximity Trace pour les chantiers. Mais intéressons-nous plus particulièrement aux solutions développées par le groupe allemand Siemens et son compatriote ProGlove. « Alors que l'activité reprend, la sécurité et l'efficacité restent les premières préoccupations des indus-triels. Nos principaux clients nous transmettent les obstacles qu'ils doivent surmonter alors qu'ils sont en train de repenser et réaménager leurs modes de travail pour redémarrer leur activité », constate Andreas Kœnig, CEO de ProGlove. Pour aider les employés à conserver la distance physique recommandée en cette période de déconfinement, la société a mis à jour sa famille de lecteurs de codes-barres portables Mark et son application Android ProGlove Connect (voir Mesures n° 924), en activant des capteurs de proximité. Pour aider les opérateurs travaillant sur une chaîne d'assemblage ou dans un centre de distribution à garder leurs distances les uns des autres, la nouvelle application Connect Proximity fournit une couche supplémentaire d'informations, soit uniquement sur l'appareil Android, soit sur le lecteur Mark associé présent sur la main de l'opérateur. Le salarié qui s'approcherait trop près d'un autre serait alerté par un signal sonore, lumineux ou par la vibration du lecteur. Du côté de Siemens, le groupe a créé une solution qui permet aux entreprises de modéliser, d'une manière rapide et efficace, la façon dont les employés interagissent entre eux, la chaîne de production et la conception de l'usine. Avec les systèmes de localisation en temps réel (Real Time Locating Systems ou RTLS) Simatic, une entreprise peut mesurer en continu les distances entre ses salariés, leur fournir un retour visuel en temps réel concernant leur espacement par rapport aux autres et créer un journal de tous les mouvements et interactions au fil du temps. Concrètement, les transpondeurs sont intégrés dans des badges portés comme des équipements de protection individuelle par tous les employés. Les récepteurs, qui sont placés de part et d'autre de la zone de travail, suivent et enregistrent en continu les mouvements des opérateurs. Lorsque deux personnes sont dans un scénario à risque – par exemple, à moins de 1,5 mètre l'un de l'autre –, leurs badges afficheront un avertissement, les alertant de la situation. Les données collectées au fil du temps peuvent être analysées pour identifier les « points chauds » où les scénarii de risque se produisent fréquemment. Les entreprises peuvent même créer un jumeau numérique de l'environnement de fabrication réel, fourni par les logiciels Tecnomatix Process Simulate et Tecnomatix Plant Simulation. Le jumeau numérique permet de simuler la sécurité des travailleurs, d'itérer et d'optimiser la disposition des espaces de travail et la productivité à court terme, ainsi que de valider une refonte de toute l'opération avant que des modifications physiques plus coûteuses ne soient apportées. « Nous aidons nos clients à créer un environnement de travail sûr et à prendre des décisions éclairées sur l'optimisation continue et à long terme, ce qui est extrêmement important car ils cherchent à produire de manière efficace et fiable dans des circonstances sans précédent », affirme Tony Hemmelgarn, président et CEO de Siemens Digital Industries Software.

Pour aider les employés à conserver les distances physiques, ProGlove a mis à jour ses gants connectés Mark et son application ProGlove Connect, en activant des capteurs de proximité.

CAMÉRAS INFRAROUGES ET LOGICIELS

Les caméras thermiques A400 et A700, de résolution respective de 320 x 240 et 640 x 480 pixels et de résolution thermique (NETD) inférieure à 30 ou 50 mK en fonction de l'ob­jectif installé (14º, 24º et 42º), proposent chacune deux configurations différentes selon l'application recherchée. La première configura­tion, avec capteur thermique « intelligent », est recommandée pour mesurer les températures corporelles élevées. Elle associe des alarmes et des outils de mesure avancés à une puissance de calcul pour accélérer la prise de décisions stratégiques. Une solution logicielle accélérant le dépistage automatisé des EBT, intégrée aux caméras thermiques et certifiée par la FDA devrait être disponible au 2 d semestre 2020.

En ce qui concerne la seconde configuration, elle permet de diffuser un flux d'images multi­ples, via les interfaces GigE Vision, Ethernet (EtherNet/IP, Modbus TCP) et Wi-Fi (option ; grâce à un flux radiométrique compressé), contribuant ainsi à optimiser le contrôle des process, améliorer l'assurance qualité ou iden­tifier les défaillances potentielles susceptibles de provoquer l'arrêt d'une ligne de production. Les nouvelles caméras infrarouges affichent une étendue de mesure de - 20 à + 2 000 °C, avec une justesse de ± 2 °C ou ± 2 % de l'étendue de mesure.

Parmi les autres spécialistes (Ametek Land, Testo,etc.), l'allemand Optris a mis en avant son modèle Xi 400 au travers d'un système de mesure à distance, comprenant une caméra thermique – elle est dotée d'un détecteur FPA non refroidi, d'une résolution de 382 x 288 pixels et d'une plage spectrale de 8 à 14 µm – et le logiciel fonctionnant sur PC PiX Connect. La caméra de taille réduite (36 x 100 mm [Ø x L]) pouvant être facilement et rapidement installée et déplacée, « le système permet de distinguer précisément et discrètement, dans la foule, les personnes dont la température de la peau dépasse une valeur prédéfinie, d'une façon individuelle ou par groupe », indique le dépar­tement Sûreté et Détection du français HTDS, distributeur des produits d'Optris.

Pour détecter une température corporelle élevée sans contact physique, une technique fiable et précise consiste à mesurer, à l'aide d'une caméra infrarouge, la température dans le coin de l'œil.

Il est alors possible d'identifier et d'isoler immédiatement la ou les personnes suscepti­bles d'être contaminées afin de les soumettre à un examen médical. La caméra infrarouge affiche une résolution (NEDT) de 80 mK et une justesse de ± 1 °C, ou ± 2 % au-delà, pour une étendue de mesure de - 20 jusqu'à + 900 °C. Parmi les autres avantages, la solution d'Optris, qui est protégée par un mot de passe pour empêcher les modifications non autorisées, permet de prendre automatiquement des images infrarouges instantanées lorsqu'une alarme est déclenchée.

Le système proposé par Optris permet de distinguer, dans la foule, les personnes dont la température de la peau dépasse une valeur prédéfinie, d'une façon individuelle ou par groupe.

« Afin d'accompagner les entreprises à préparer la reprise de leur activité et à prévenir le post-confinement, nous proposons trois catégories de solutions facilitant et renforçant la détection de personnes contaminées dans un contexte épidémique (grippe, SRAS, Covid-19, etc.), rapidement et à distance : des caméras thermiques portables, des modèles à poste fixe pour la plupart des entreprises, ainsi que des solutions de contrôle d'accès et de test auto­nomes », décrit, dans un courriel, le français Distrimesure, qui distribue notamment les produits du chinois Hikvision.

DES SOLUTIONS BASÉES SUR L'IA

Ce dernier a annoncé, ces dernières semaines, plusieurs nouveaux produits. Le premier est le module Mod-Heat, développé en partenariat avec le français Vauban Systems. S'intégrant facilement dans le logiciel de supervision et de gestion d'accès Visor de celui-ci, le module permet d'analyser en temps réel les données de température issues d'une caméra ther­mographique du chinois, de déclencher une alarme sonore en cas d'anomalie et d'autoriser ou non l'accès au site à la personne contrôlée. Le système permet également de détecter si la personne porte un masque ou non. Le deu­xième nouveau produit est un plug-in assurant l'intégration du contrôle de la température dans les versions 2020R1 de Milestone XProtect. Le XProtect Smart Client affiche désormais les températures de la surface de la peau dans le flux en direct et pendant la lecture, et reçoit des alarmes de température élevée dans l'onglet Smart Client Alarm.

Autre nouveauté de Hikvision, les terminaux de détection de température sans contact MinMoe utilisent des technologies thermographiques et de reconnaissance faciale – à une distance comprise entre 0,3 et 2 mètres – afin de rendre l'accès plus facile et plus sûr pour les zones de travail, d'enregistrer la fréquentation et, simul­tanément, d'afficher les températures sans obliger les employés à toucher un terminal ou une porte. « Alimentés par un algorithme de deep learning, les terminaux MinMoe augmen­tent la précision de la reconnaissance faciale à plus de 99 %, assurant un passage rapide et presque “non-stop”, en plus de garantir une bien meilleure hygiène comparée aux contrôles d'accès par empreinte digitale conventionnels et aux dispositifs de pointage. Les terminaux peuvent également détecter si une personne porte un masque. Lorsqu'un visage enregistré est reconnu mais ne porte pas de masque, les appareils affichent alors un rappel audio », explique la société.

Hikvision a ajouté un plug-in assurant l'intégration du contrôle de la température dans les versions 2020R1 de son logiciel Milestone XProtect.

DES DÉVELOPPEMENTS EN PARTENARIAT

Le conglomérat américain Honeywell, lui, a introduit la solution de surveillance de la température ThermoRebellion, qui intègre une caméra infrarouge et des algorithmes d'intelli­gence artificielle (IA) – issus de la technologie de l'américain Rebellion Photonics, acquise par le conglomérat en décembre 2019 – pour effectuer un dépistage préliminaire non invasif du personnel entrant dans un bâtiment (usine, aéroport, centre de distribution, etc.). La nouvelle solution, qui s'intègre à la plate­forme Forge et aux solutions Healthy Buildings de Honeywell, permet d'identifier si une personne présente une température faciale élevée : lorsqu'elle passe devant la caméra, la température de sa peau est automatiquement détectée en deux secondes et affichée sur un écran associé. Grâce à l'IA, le logiciel permet à chaque pixel individuel capturé par la caméra d'être rapidement évalué.

La solution de Honeywell peut également identifier si les individus portent l'équipement de protection individuelle requis pour entrer dans le bâtiment. « La protection de la sécu­rité des travailleurs est la priorité absolue de tout exploitant de bâtiment, et aujourd'hui, plus que jamais, les gestionnaires recherchent des solutions innovantes pour améliorer leurs processus de dépistage de l'état de santé, rappelle Renaud Mazarguil, président de l'ac­tivité Gas Analysis and Safety d'Honeywell. Notre technologie contribue à automatiser et rationaliser la surveillance de la température pour réduire le besoin de surveillance invasive. » D'autres sociétés encore ont profité du contexte actuel pour lancer des solutions de surveillance de l'EBT, ou se positionner sur ce créneau. C'est le cas, par exemple, du groupe français Timcod. Confronté à une activité fortement réduite, ce spécialiste de l'intégration de solutions infor­matiques mobiles s'est appuyé sur son savoir-faire et le néerlandais TKH Group, l'un de ses partenaires et acteur de la vidéosurveillance, afin de développer une solution pour sécuriser les lieux de travail et de passage par détection thermographique.

Antares Vision a conçu TrackMyHealth en partenariat avec Vigilate. Il s'agit d'une solution modulaire et flexible, qui peut être intégrée aux systèmes de surveillance et de contrôle existants.

Baptisée TKFever, cette solution, qui fait égale­ment intervenir un logiciel d'IA, mesure en temps réel la température des personnes entrant dans le champ de vision de la caméra infrarouge. « Notre solution respecte les libertés et données individuelles, car le dispositif n'enregistre aucune donnée personnelle et n'intègre pas de fonctionnalités de reconnaissance faciale, précise Christophe Cattoni, président du groupe Timcod. Le contrôle de la température est l'un des leviers disponibles en plus des masques, des gels hydroalcooliques, des mesures de distanciation, des gestes barrières, etc. » L'italien Antares Vision, lui, a conçu TrackMyHealth en partenariat avec son compa­triote Vigilate. Il s'agit d'une solution modulaire et flexible, qui peut être intégrée aux systèmes de surveillance et de contrôle existants pour la prévention et la protection de la santé humaine dans différents types d'activités (entreprises, gares, aéroports et autres établissements recevant du public). « Avec TrackMyHealth, les utilisateurs sont capables de vérifier la tempéra­ture corporelle avec une précision de ± 0,3°, de compter le flux des personnes – avec la capacité de gérer automatiquement le nombre d'entrées et de sorties, tout en les distinguant en fonction de la température corporelle –, de vérifier le port ou non d'un masque, de contrôler le maintien des distances en générant automatiquement des alarmes en cas de comportements anor­maux, et de consulter une grande quantité de données via un outil d'enregistrement, le tout dans le respect du RGPD », énumère la société. Concluons cette liste non exhaustive de solu­tions pour la mesure de la température corpo­relle par le groupe allemand Siemens. Son activité Smart Infrastructure a lancé le package de solutions Siveillance Thermal Shield, qui intègre des caméras thermiques d'un fabricant tiers et d'autres de ses systèmes de sécurité à sa plateforme Siveillance Video. Le package permet de relever rapidement la température corporelle d'une personne à une distance de 1,5 mètre – à proximité de l'œil pour une préci­sion jusqu'à ± 0,3 °C – lorsqu'elle passe par un certain point dans un bâtiment, et d'intégrer les résultats des mesures dans le flux de travail des solutions de sécurité propres à l'entreprise.

La solution de surveillance de la température ThermoRebellion de Honeywell intègre une caméra infrarouge et des algorithmes d'IA pour effectuer un dépistage non invasif à l'entrée d'un bâtiment.

En utilisant Siveillance Thermal Shield à l'entrée d'un bâtiment d'une usine agroalimentaire, par exemple, les employés peuvent être testés facilement et en une seconde dans le cadre du contrôle d'accès normal aux installations du site. Mais la détection d'une température corporelle élevée doit s'accompagner d'un contrôle réalisé avec un thermomètre pour clarifier les choses de façon univoque. « La définition du protocole de prise en charge en cas de dépassement du seuil de température (pré-alarme à + 37,5 °C, alarme à + 38 °C) est de la responsabilité de chaque entreprise, tout comme le protocole en cas de refus d'effectuer le test », précise la société, qui propose égale­ment une détection du port du masque, avec alarme et émission de messages vocaux pour sensibiliser les personnes à l'utilisation de ces protections.

UNE INSTALLATION À VÉLIZY-VILLACOUBLAY

En complément des gestes barrière et du port du masque, la mairie de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) a choisi de s'équiper du kit de contrôle de température de Siemens. Depuis le lundi 11  mai 2020, collaborateurs et visi­teurs qui pénètrent dans l'enceinte de la mairie bénéficient tous d'une détection à distance de la température. Installé en quelques heures à l'entrée des locaux, ce système est constitué d'une caméra sur trépied, reliée à un écran. Il est capable d'analyser jusqu'à dix personnes simul­tanément. Pour la mairie de Vélizy-Villacoublay, il s'agit d'un système de prévention très utile afin de recevoir les administrés en toute sécurité. Et ce genre de solutions risque bien de se multi­plier dans les entreprises et les établissements recevant du public, tant que, notamment, un vaccin contre le Covid-19 n'est pas trouvé.

Copy link
Powered by Social Snap