Prélever des nanoparticules dans l'air ambiant? c'est très facile…

Le 01/09/2014 à 17:00

P rojets de recherche, développement de produits commercialisés, études sur les conséquences sur l'être humain, création d'instituts de recherche… On ne compte désormais plus les sujets tournant autour des nanotechnologies ces dernières années. Pour les utilisateurs qui sont d'ores et déjà confrontés aux nanoparticules, les moyens restent toutefois encore très spécifiques et complexes à mettre en œuvre. C'était en particulier le cas au niveau du prélèvement dans l'air ambiant, jusqu'à l'introduction du dispositif MPS par le distributeur Ecomesure. « Ce qui intéresse généralement le plus les industriels est la qualité de l'air, à savoir la mesure des PM10, PM2.5 et PM1, d'où l'existence d'une très grande gamme d'appareils de prélèvement et de mesure. Lorsque l'on doit s'intéresser aux particules dont la taille est inférieure à 0,1 nm,les seules solutions étaient très lourdes pour le prélèvement (aucun système portatif, en tout cas) et limitées au MET [microscope à transmission électronique, NDLR] pour la mesure » , rappelle Cédric Neveu, ingénieur développement produit chez Ecomesure. Le MPS, pour Mini Particule Sampler , est le fruit d'un développement conjoint entre la société française et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris).

Collaboration entre recherche et application industrielle

Initialement conçue par une équipe de recherche finlandaise, la méthode de prélèvement a été reprise, adaptée et qualifiée par celle de l'Ineris dans le cadre de travaux de recherche menés avec l'université de Compiègne et financés en particulier par la région Picardie. En plus du transfert technologique (l'industrialisation), Ecomesure assure désormais la commercialisation du MPS en France et dans le monde entier. « Ce dispositif de prélèvement s'inscrit en effet dans la nouvelle stratégie de la société de développer des produits innovants, venant compléter notre offre, et de viser l'international [voir encadré] » , explique Cédric Neveu.

L'originalité de MPS réside dans sa très grande simplicité de mise en œuvre et d'utilisation. Ce système de prélèvement repose sur un porte-filtre qui accueille des grilles microporeuses standard pour les analyses physico-chimiques par MET. Il suffit de déposer une grille dans le logement prévu à cet effet, de fermer le dispositif et de le connecter à la pompe portative. Une fois le prélèvement effectué, la grille est insérée dans le microscope pour pouvoir réaliser la caractérisation chimique, physique, morphologique de particules à l'échelle nano et micrométrique. « L'Ineris et Ecomesure sont par ailleurs en capacité de réaliser des analyses pour des utilisateurs du MPS qui ne disposeraient pas de MET », précise Cédric Neveu.

Quatre questions à Damien Pelletier, président d'Ecomesure

Mesures.Vous avez pris la présidence d'Ecomesure à la fin de l'année 2013. Pouvez-vous nous rappeler le contexte de votre arrivée ?

hapo Damien Pelletier. Il y a environ un an, les fondateurs ont souhaité céder leur société à l'aube de leur retraite. J'ai été séduit et convaincu par le potentiel de développement que je décelais dans Ecomesure. La société se trouve en effet sur un marché porteur (la qualité de l'air au travers de la distribution de solutions complètes intégrant des produits de prélèvement, de mesure et d'analyse) et empreint de nouvelles technologies comme les nanotechnologies, les nanoparticules…

Mesures. Comment se présentait la société il y a un an?

Damien Pelletier. Ecomesure, qui a fêté ses vingt d'existence en 2013 et emploie une quinzaine de personnes, est une société pérenne, gérée d'une manière prudente et saine. Son chiffre d'affaires a progressé de manière constante ces dernières années, grâce à de bons fondamentaux: des produits distribués basés sur de bonnes technologies issues de laboratoires et de sociétés japonaises, allemandes, finlandaises, etc. et une clientèle large (marchés publics et privés).

Ecomesure

Mesures.Vos utilisateurs ont pu se rendre compte que le logo de la société a changé. Est-ce le signe d'une révolution ?

Damien Pelletier. Le changement de site internet et de logo, l'amélioration des processus, la vente en ligne pour les consommables et quelques produits sont surtout le signe d'une volonté de faire évoluer la société pour l'amener dans une autre dimension. Il n'est pas question de faire table rase de l'existant ; nous avons par exemple ajouté récemment deux nouvelles lignes de produits, à savoir les compteurs de particules 3887 du japonais Kanomax et le « nez électronique » Lonestar (technologie FAIMS pour Field Asymmetric Ion Mobility Spectrometer ) du fabricant Owlstone.

Mesures. Quels sont les grands axes de développement pour Ecomesure?

Damien Pelletier. Je souhaite d'abord développer la société par le biais de la commercialisation de produits innovants. Cela passe par le rapprochement auprès de laboratoires pour réaliser le transfert technologique de technologies matures. L'introduction du MPS s'inscrit parfaitement dans cette stratégie, de passer de distributeur à fabricant. Nous avons ainsi mis en place une structure de projets et de R&D, mais la distribution de produits est une activité saine en soi.

Le deuxième axe porte sur l'internationalisation. L'objectif est de porter progressivement le chiffre d'affaires à l'exportation de 5 % actuellement à 50 %. Enfin, le troisième et dernier axe est de développer les services, en particulier les services d'exploitation, où il y a un potentiel énorme grâce à des produits plus facilement exploitables (télégestion, par exemple). Dans un premier temps, l'activité export se fera directement depuis la France…

Une efficacité de collecte minimale de 18 %

En plus des gains en termes de facilité d'utilisation et d'encombrement –le système peut ainsi être installé là où les personnes sont susceptibles d'inhaler des nanoparticules–, le MPS se distingue des technologies existantes par l'absence d'altération des échantillons et des performances bien supérieures. « Il autorise un prélèvement en quelques minutes, grâce à un débit compris entre 0,3 et 1,5 l/mn, d'une large gamme de particules (de 5 à 150 nm voire jusqu'à 10 µm). L'Ineris a même montré des performances de collecte supérieures à celles des techniques conventionnelles,avec un niveau d'efficacité minimum de 18 % pour des particules de 30 nm », affirme Cédric Neveu. Parmi les autres avantages,on peut encore citer un coût et une maintenance faibles.

La conception innovante du préleveur MPS, issu du développement conjoint entre Ecomesure et l'Ineris, permet de l'installer là où les personnes sont susceptibles d'inhaler des nanoparticules. Il suffit d'accrocher le capteur sur le col et la pompe à la ceinture pour réaliser les prélèvements.

Ecomesure/Ineris

Les premières applications visées sont la qualité de l'air, la surveillance et la prévention des risques professionnels liés aux nanomatériaux, à savoir s'assurer de l'absence de traces de nanoparticules dans les ambiances de travail de laboratoires, dans le cadre du contrôle des émissions industrielles, etc. Le MPS est d'ailleurs recommandé par le guide de l'Institut national japonais des sciences et des technologies avancées (AIST) consacré à la surveillance des fuites de nanotubes de carbone dans les ambiances de travail. Et le dispositif a été retenu comme méthode «préréglementaire», dans la perspective de transférer un outil issu de la recherche scientifique vers des processus de normalisation.

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