Spherea Test & Services se lance dans l'énergie électrique

Le 01/09/2015 à 17:00

Onze mois après la cession par Airbus Group,Spherea Test & Services est une entreprise en marche.» C'est par cette déclaration que Christian Dabasse, président et CEO de la société, a ouvert la conférence de presse organisée lors du salon international de l'aéronautique et de l'espace, qui s'est tenu du 15 au 21 juin dernier à Paris-Le Bourget.Petit retour en arrière… L'activité de la société trouve son origine à la création du Mirage F1 et du Concorde en 1966 avec les entités «Test» d'Aérospatiale Avions, d'Aérospatiale Missiles et de SextantAvionique. Le regroupement des trois activités, décidé en 1996, s'inscrit dans le soutien des programmes Rafale et Char Leclerc. Lors de la création d'EADS quatre ans plus tard, l'entité «Test» devient EADSTest & Services et change de nom (Cassidian Test & Services) en 2010. A noter que le fabricant Racal Instruments fut racheté et intégré dans EADSTest & Services en 2004.

«A l'occasion de la naissance d'Airbus Group le 1 er janvier 2014, la réorga-nisation des activités défense et spatiale d'EADS, regroupées dans la même entité Airbus Defence & Space, a été l'occasion pour EADS Test & Services de prendre un nouveau départ», rappelle Christian Dabasse. La première spin-off du groupe EADS a ainsi donné naissance le 10 juillet 2014 à Spherea Test & Services, une ETI désormais entièrement tournée vers le mar-ché du test. « C'est ainsi que différents actionnaires nous ont accompagnés dans le projet, chacun ayant un ancrage plutôt sectoriel ou territorial.Airbus Group (33,48 %), Aerofund 3,(43,04%),Financière de Brienne (6,70%) et l'Institut régional de développement industriel (IRDI ; 14,35 %), les 2,44 % étant détenus par les dirigeants de la société », explique Christian Dabasse.

Christian Dabasse, président et CEO de Spherea Test & Services : « Avec l'acquisition de Puissance Plus, nous confirmons ainsi notre volonté de rééquilibrer le chiffre d'affaires entre le marché de l'aéronautique et la défense et les autres secteurs (énergie, ferroviaire). »

Patrick Gallibert

Conforter son positionnement de maître d'œuvre de grands projets industriels

Lors du salon international de l'aéronautique et de l'espace 2015, Spherea Test & Services a eu une autre raison de se réjouir. Le groupement d'entreprises constitué d'Equip'Aero Services, de Latecoere Services, de SNC-Lavalin et de Spherea Test & Services s'est en effet vu confier, par le motoriste Snecma (Safran), la réalisation d'un banc d'essais à l'air libre pour de futurs moteurs. Ce projet comprend l'ensemble des infrastructures et les moyens nécessaires à la réalisation d'essais de systèmes complexes. Spherea Test & Services, en tant que mandataire du groupement, est le coordinateur du projet et le fournisseur du système de contrôle/ commande. Il se caractérise par 15 baies de moyens d'acquisition en containers, un système de surveillance vidéo et d'automates de contrôle, ainsi qu'une salle de contrôle informatique. SNC-Lavalin, lui, intervient au niveau des bureaux d'études et de la réalisation du gros œuvre intégrant les bâtiments et l'infrastructure du site.

Latecoere Services aura en charge la conception, les calculs de justification mécanique et la réalisation de la structure porteuse des moteurs appelée pylône (supportant une poussée de 15t en statique). Quant à Equip'Aero Services, l'entreprise fournira les moyens de gestion des servitudes (eau, électricité, kérosène, huiles et air).

L'investissement de ce projet, hors maintien en condition opérationnelle (MCO), est de l'ordre de 10 millions d'euros et la livraison est prévue pour le 2 e trimestre 2016 sur la base aérienne d'Istres (Bouches-du-Rhône), avec une cinquantaine d'emplois à la clé.

Allier nouveaux produits et croissance externe

En parallèle d'une réelle capacité de financer ses propres développements, SphereaTest & Services a également mis en place une nouvelle organisation qui s'est traduite par un positionnement différent en tant que fournisseur, non plus de produits, mais de solutions à haute valeur ajoutée, en fait un portfolio de technologies et de briques à partir desquelles sont développées des solutions pérennes et spécifiques aux besoins de chaque indus-triel. « La vente de solutions représente 50 % de notre chiffre d'affaires, l'autre moitié étant réalisée par les services associés », précise Christian Dabasse. Dans cette approche agile et réactive, la société a éga-lement créé des incubateurs en interne pour étendre l'offre actuelle et accompagner les clients dans leurs futurs besoins. L'extension de son offre est d'ailleurs l'un des trois piliers sur lesquels Spherea Test & Services veut s'appuyer pour se développer dans les années à venir. Premièresolution,ledéveloppe-ment de nouveaux produits. En moins de 15 mois, la société a développé le banc de test de nouvelle génération ATEC Dyna Series, permettant de simplifier la productivité des équipements (un investissement de 5 millions d'euros en R&D), le système de test optronique portable OLISE pour la vérification des systèmes optroniques de dimensions ré-duites dans les domaines visible, infrarouge (MWIR et LWIR) et laser, ainsi qu'un moyendevéri-fication sur la piste, juste avant de partir en mission, et dans les conditions de vol du bon fonctionnement du système d'armement d'un hélicoptère. Une autre manière pour étendre l'offre consiste à recourir à une croissance externe. C'est ce qu'a fait Spherea Test & Services en acquérant, le 26 mai dernier, le français Puissance Plus, pour un montant non dévoilé.

Créée en 1993 à Montauban (Tarn-et-Garonne), la société, qui emploie 90 personnes réparties sur cinq sites en France, pour un chiffre d'affaires de 11Me, conçoit des produits de conversion d'énergie et de l'instrumentation en électronique de puissance pour les secteurs aéronautique, industriel, de l'énergie renouvelable, du transport, de la défense… «Avec cette acquisition,nous asseyons notre stratégie de diversification en nous ouvrant au marché de l'énergie et confirmons ainsi notre volonté de rééquilibrer le chiffre d'affaires (le deuxième pilier) entre le marché de l'aéronautique et la défense, qui représente aujourd'hui 85 % du chiffre d'affaires (même 100 % en 2008), et les autres secteurs (énergie, ferro-viaire), qui devraient représenter à termes 30 à 40 % du chiffre d'affaires à l'horizon 2020 », affirme Christian Dabasse.

L'extension de l'offre de Spherea Test & Services se traduit aussi par le développement de nouveaux produits. Comme le banc de test de nouvelle génération ATEC Dyna Series.

Spherea Test & Services devrait réaliser un chiffre d'affaires de 115M€ fin 2015 (110M€,dont 53% à l'exportation, en 2014), en progression de 2% à périmètre constant par rapport à 2014, pour 550 personnes au total réparties entre ses différents sites en France, au Royaume-Uni et enAllemagne. « Notre ambition est d'atteindre un chiffre d'affaires de 150 à 200 M€ d'ici à 2018, une taille critique permettant de disposer des moyens suffisants en termes de R&D, de force de frappe. Pour y parvenir, la société doit changer de dimension et devenir un groupe mondial (le troisième pilier) », annonce ChristianDabassequi se donne trois ans pour s'installer aux Etats-Unis. Dans le secteur aé-ronautique,les cinq prochaines années ne donneront pas lieu à de nouveaux programmes significatifs des grands avionneurs, en raison notamment de la consolidation du marché. « Les grands donneurs d'ordre diminuent leurs investissements, la concurrence est féroce sur les appels d'offres. La prise de position sur de nouveaux marchés et clients est donc indispensable, en allant au-delà du métier même du test. Nous voulons notamment conforter nos choix stratégiques et, notamment, notre positionnement de maître d'œuvre de grands projets industriels et fournisseur de solutions clés en main. Le cas du banc d'essais à l'air libre pour la Snecma ( voir encadré ) en est une parfaite illustration », conclut-t-il.

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