Trop peu d'entreprises ont recours à l'industrie du futur en France

Le 28/01/2020 à 0:00
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Malgré la mise en place depuis 2012 de mesures structurelles ayant permis de stopper la désindustrialisation, l'industrie française est encore en phase de rémission lente car pénalisée par plusieurs faiblesses majeures par rapport à certains pays voisins.

E n 2012, le Gimelec et certains autres syndicats professionnels de l'industrie avaient mandaté le cabinet Roland Berger pour réaliser une étude sur l'état des lieux de l'industrie française. Les conclusions du rapport en question dressaient un piètre panorama de la situation avec une industrie qui ne représentait plus que 12 % du Produit intérieur brut (PIB) de notre pays. Cela ne constituait pas en soi une surprise dans la mesure où la désindustrialisation du pays, amorcée depuis la fin des Trente Glorieuses, n'avait cessé depuis près de quatre décennies. Mais en quantifiant les pertes d'emplois industriels, l'étude de Roland Berger, réalisée par Max Blanchet, mettait en avant l'ampleur des dégâts subis par l'industrie française avec en moyenne 700 000 emplois industriels détruits par décennie depuis la fin des Trente Glorieuses du fait d'une délocalisation toujours plus poussée de la production hors de nos frontières. Faisant office d'électrochoc, c'est suite à cette étude que le gouvernement a lancé son plan « industrie du futur » (sorte d'équivalent français du plan « industrie 4.0 » initié par l'Allemagne peu de temps avant), que l'Alliance industrie du futur (AIF) a été créée pour mieux représenter les acteurs de l'industrie, que des mesures de suramortissement ont été mises en place pour inciter les industriels à investir dans des outils productifs plus modernes ou bien encore que la genèse du salon Smart industries, qui fait aujourd'hui partie intégrante de la manifestation Global Industrie toute à la gloire des filières industrielles, a été actée. Avec pour objectif affiché d'arrêter l'hémorragie dans un premier temps, et de relocaliser la production industrielle sur notre territoire, dans un second.

La désindustrialisation jugulée

En 2019, l'AIF, le Symop, le Gimelec, ainsi que leurs partenaires – à savoir la FIM, le Cetim et le Medef – ont jugé opportun de faire établir une nouvelle étude sur l'état de la filière industrielle en France afin de vérifier si les différentes initiatives mises en œuvre ces dernières années avaient porté leurs fruits ou pas. Toujours confiée à Max Blanchet, aujourd'hui directeur général du cabinet Accenture Strategy ( voir encadré en page 22) , cette dernière étude intitulée « L'industrie du futur, le levier pour relan-cer l'industrie française » et qui a été portée à la connaissance de la presse le mois dernier, confirme l'effet bénéfique des mesures structurelles engagées depuis 2012 en faveur de l'industrie (renforcement des instances et gouvernance, soutien à l'investissement et à l'innovation, simplification réglementaire, promotion de l'industrie française, etc.). « Non seulement la France ne détruit plus des centaines de milliers d'emplois industriels tous les dix ans comme elle a pu le faire pendant près de quatre décennies, mais elle en a recréé l'an dernier pour la première fois depuis des lustres. Et aujourd'hui, la valeur ajoutée de l'industrie s'est stabilisée autour de 14 % du PIB, soit peu ou prou la même chose qu'en Allemagne et que la moyenne européenne », se réjouit Vincent Jauneau, président du comité Smart Up Industrie du Gimelec et également directeur général de la branche « Industrie » de Siemens France. L'étude de Max Blanchet fait en effet état d'un assainissement notable du tissu manufacturier en France avec une nette contraction des fermetures d'usines (100 en 2018 contre 250 en 2012) combinée à un maintien du nombre d'ouvertures d'usines qui s'établit autour de 120 chaque année depuis 2015, à une consolidation des acteurs et à un rajeunissement du parc machines. Avec pour conséquence, un effectif global de l'industrie qui a atteint depuis 2016 un palier situé à 2,8 millions de salariés et une filière industrielle qui cherche de nouveau à recruter. Le rapport précise que la croissance de la valeur ajoutée industrielle entre 2005 et 2017 provient à 75 % du développement des « services à caractères industriels » ( voir encadré page 24 ).

Selon l'étude d'Accenture Strategy, la France ne détruit plus des centaines de milliers d'emplois industriels tous les dix ans comme elle a pu le faire pendant près de quatre décennies. Mieux, elle en a recréé l'an dernier pour la première fois depuis longtemps.

Des faiblesses majeures persistent

Mais tout n'est pas rose, loin de là, comme le révèle l'étude. Car si depuis 2012, des mesures structurelles ont permis de stopper la désindustrialisation qui la rongeait depuis 30 ans, « l'industrie française est encore en phase de rémission lente car pénalisée par plusieurs faiblesses majeures, notamment au regard de la situation de l'industrie des pays voisins », précise le rapport. Ces faiblesses, elles sont au nombre de cinq, selon Max Blanchet. L'analyste pointe en premier lieu une rentabilité insuffisante par rapport à celle de ses concurrents européens et internationaux, et cela, pour trois raisons principales. Tout d'abord, l'industrie manufacturière française est fortement pénalisée par des impôts de production jugés trop élevés. La France est en effet le deuxième pays européen le plus taxé après la Suède, à hauteur de 70 milliards d'euros, soit 3,1 % du PIB. Ensuite, la rotation du capital y est trop lente comparée au seul pays européen bénéficiaire, à savoir l'Allemagne. Le ratio valeur ajoutée sur capital employé est ainsi de - 19 % pour la France contre + 62 % pour l'Allemagne sur la période allant de 2000 à 2018. Enfin, la rentabilité des capitaux investis s'est dégradée sur la période 2000-2018 avec un taux de - 10 % alors que les besoins de financement tournent actuellement autour de 15 %. La deuxième faiblesse de la France identifiée par l'analyste réside dans un manque d'investissement et d'autonomisation pour moderniser l'outil industriel. Cela se traduit par trois choses : une trop faible dépense en machines et équipements industriels (jusqu'à 3 ou 4 fois moins qu'en Italie et en Allemagne) ; un retard conséquent en robotisation (hors secteur automobile), le taux de croissance annuel de la robotisation plafonnant à 3,4 % en France contre 6,7 % pour l'Espagne (en parts du stock mondial, la France stagne à 1,6 % contre 7,5 % pour l'Allemagne) ; des gains liés à une forte productivité du travail qui aboutissent à une baisse du volume d'heures travaillées plutôt qu'à une augmentation de l'activité manufacturière (sur la période 2000-2018, les gains de productivité convertis en augmentation du volume pro-duit sont de 36,1 k€/ETP – Équivalent temps plein – en Allemagne contre seule-ment 7,9 k€/ETP en France).

La troisième faiblesse de notre pays mise en exergue par l'étude consiste en une intégration trop faible des chaînes de valeur liée au fait que la France positionne davantage la valeur ajoutée de son industrie sur les services à caractère industriel (principalement services informatiques, fret et logistique industrielle) que sur l'industrie manufacturière, que les formalités administratives pour implémenter ou étendre un site de production y sont trop complexes, et enfin qu'elle est affublée d'une balance commerciale négative (-80 Md€) à cause de son faible ratio « Make » sur « Buy ». Là encore, la France accuse un certain retard par rapport à certains de ses voisins puisque la part de va-leur ajoutée produite en Allemagne, en Italie et ou Espagne dépasse les 70 % alors qu'elle plafonne à 64 % en France.

Adoption trop lente des solutions de l'industrie du futur

Accenture Strategy déplore également – et cela constitue la quatrième faiblesse de notre pays – une adoption lente et inégale du numérique dans l'industrie. L'auteur du rapport évoque ainsi « une transition vers l'industrie du futur polarisante » pour tra-duire le fait que seules 14 % des entreprises interrogées ont partiellement déployé une solution numérique de type « industrie du futur » et 2 % l'ont tota-lement déployée (expérimentation-mise en place de pilotes, premiers payback , mise en place de certains fondamentaux, etc.). Cette adoption trop lente s'explique notamment par une méconnaissance globale des industriels de l'usine numérique et connectée. Par exemple, 81 % des entreprises interrogées ne connaissent pas ou ne développent pas les véhicules guidés autonomes (AGV, Autonomous Guided Vehicule ).

Bien qu''aujourd'hui amorcée, l'adoption des solutions de l'industrie du futur reste trop lente et inégale en France. Selon Accenture Strategy, seules 14 % des entreprises interrogées ont partiellement déployé une solution numérique de type industrie du futur et 2 % l'ont totalement déployée.

Cependant, l'analyse décèle une certaine volonté d'investir dans l'industrie du futur en France. La moitié des entreprises sondées souhaitent ainsi consacrer au moins 5 % de leurs dépenses d'investissement (CAPEX) à l'industrie 4.0 sur les trois prochaines années. Dernière faiblesse de notre pays et non des moindres détectée par Accenture Strategy : l'offre française en machines et équipements de production n'est pas adaptée aux besoins des entreprises industrielles. Seulement deux entreprises sur dix déclarent être partiellement ou totalement satisfaites par l'offre française en machines et équipements. En fait, seules les filières de produits à haute valeur technologique disposent d'une offre d'équipements adaptée à leurs besoins. Ce manque a pour conséquences une forte importation de machines industrielles (39 % sur l'ensemble de la filière contre seulement 19 % en Allemagne et 16 % en Italie), ainsi qu'un taux d'exportation en deçà de ses concurrents (35 % sur l'ensemble de la filière contre 40 % en Allemagne et 42 % en Italie).

Trois questions à Max Blanchet, managing director d'Accenture Strategy

Dans quel contexte et pourquoi cette étude a-t-elle eu lieu ?

Max Blanchet Cette étude a été réalisée de février à juillet 2019 pour dresser un bilan des cinq dernières années et évaluer la maturité de l'industrie en France. Elle repose sur l'analyse d'études écono-miques, de benchmarks Accenture et d'une enquête de terrain auprès des dirigeants de 450 entreprises de plus de 50 salariés.

Parmi les résultats obtenus, lesquels vous ont le plus surpris ?

Max Blanchet La baisse de l'âge moyen du parc machines, qui retrouve son niveau d'avant la crise de 2009, est très positive. Je suis en revanche préoccupé par la polarisation qui s'est créée depuis 2015 entre des entreprises ayant démarré l'adoption des nouvelles technologies et celles qui n'en ont rien fait.

Si vous deviez citer un élément d'optimisme, lequel serait-il ?

Max Blanchet Au-delà de la clarification précieuse du périmètre de l'industrie étendue, je dirais que l'arrêt de la désindustrialisation de l'industrie manufacturière est une très bonne nouvelle qui montre que la somme des actions mises en œuvre a porté ses fruits (mesures structurelles, communication large sur l'industrie du futur, amortissement accéléré, etc.). Autre élément d'optimisme : le problème de notre balance commerciale est chez nous. Nous importons trop par rapport à ce que nous fabriquons. Recréer de la valeur ajoutée permettrait de redresser significativement la balance commerciale française.

Les solutions préconisées d'ici à 2025

Loin de se contenter de pointer les dysfonctionnements et faiblesses de l'industrie française, l'étude formule également des propositions concrètes afin que la France rattrape son retard à l'horizon 2025 et réussisse sa transition vers l'industrie du futur. Les axes de solutions proposés s'inscrivent dans la perspective du Pacte productif 2025 et doivent servir de leviers pour accompagner son déploiement. Accenture Strategy identifie cinq leviers clés pour gagner en performance avec pour objectif de dégager 95 milliards de d'euros de valeur ajoutée supplémentaire à l'horizon 2025. Le premier levier consiste à localiser les chaînes de valeurs stratégiques. Face au trop faible niveau d'intégration des chaînes de valeur (64 %) et à une balance commerciale négative, l'industrie française doit relocaliser les nouvelles chaînes de valeur pour renforcer sa compétitivité et le dynamisme de son tissu local. Pour cela, l'analyste suggère deux solutions. Tout d'abord, lancer le Suramortissement accéléré à la modernisation de l'outil industriel ou SAMOI, qui ciblera toute entreprise industrielle ou de service souhaitant réaliser un investissement dans les solutions de l'industrie du futur en France ou dans la transition énergétique de son activité. Il prévoit le remboursement de 50 % à 80 % des dépenses d'investissement (CAPEX), selon la valeur de l'amortissement. Le SAMOI représenterait entre trois et quatre milliards d'euros par an (30 % de l'investissement industrie du futur), soit un équivalent à la possibilité d'amortir 200 % de l'investissement en 5 ans. La seconde solution est d'envisager le lancement du Crédit d'impôt production (CIP) qui ciblera toute entreprise (industrielle ou de service, française ou étrangère) souhaitant réaliser un investissement dans les solutions de l'industrie du futur en France, y compris la transition énergétique, afin de moderniser un outil existant ou de créer une nouvelle activité générant un revenu (et donc des emplois) supplémentaire(s). Cela consiste à rembourser 30 % de l'investissement concerné sous la forme d'un allègement de charge ou d'un crédit d'impôt sur les impôts de production. Le CIP s'élèverait à environ trois à quatre milliards d'euros par an (30 % de l'investissement industrie du futur). L'objectif serait d'inscrire ces solutions dans le Pacte productif 2025 et dans le projet de loi de finance 2021.

Un CSF « Machines et solutions industrielles intelligentes »

Loin de se contenter de pointer les dysfonctionnements et faiblesses de l'industrie française, l'étude formule également des propositions concrètes afin que la France rattrape son retard à l'horizon 2025 et réussisse sa transition vers l'industrie du futur.

L'analyste mentionne ensuite le développement de l'offre machines et le renfort de l'exportation comme deuxième levier pour gagner en performances. Alors que la performance de la filière machines et équipements de production est fortement corrélée à la performance de l'industrie, cette branche doit aujourd'hui mieux s'adapter à la demande des clients en France. Accenture Strategy voit dans la création d'un contrat stratégique de filière (CSF) « Machines et solutions industrielles intelligentes » (MS2I) une solution à ce problème. Il s'agit d'intégrer dans ce CSF toute la chaîne de l'offre technologique, en développant des plateformes numériques de collaboration entre offreurs et filières, en réalisant des prestations multi-offreurs packagées à destination des PME, et en accompagnant les « pépites » industrielles de la filière pour les amener à exporter dans le cadre d'un plan export national. Inscrite dans le Pacte productif 2025, cette solution devrait être mise en œuvre en 2020. Le troisième levier sur lequel il faut agir pour un regain de performances est l'accé-lération et le développement des infrastructures, selon l'étude. Aujourd'hui, l'évolution des technologies de production – telle que la 5G – représente un enjeu majeur de la compétitivité. La Chine et les États-Unis ont un plan ambitieux, tandis que l'Allemagne a débloqué 26 milliards d'euros sur le sujet. L'étude prône d'investir dans l'infrastructure 5G et la fibre à hauteur de 10 à 15 milliards d'euros, via un fond privé/public, et de reconnaître la filière « Équipements de production » comme l'une des chaînes de valeur stratégique. De manière générale, il s'agit de créer un environnement favorable en investissant dans les grands projets technologiques autour de l'industrie du futur, tels que la 5G, mais aussi l'intelligence artificielle, la cybersécurité ou bien encore la décarbonisation des processus industriels. « À l'heure où l'Europe est perçue par certains comme la cause de tous les maux et où le Brexit est acté, il n'y a pourtant qu'une seule solution pour contrer l'avancée technologique de la Chine

La transition de la France vers l'industrie du futur se joue maintenant car la Chine et les États-Unis ne nous attendrons pas. Donc, je n'aurais qu'un seul mot à adresser aux industriels : “Foncez !'' ” Vincent Jauneau, président du comité Smart Up Industrie du Gimelec

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et des États-Unis sur ces domaines : s'unir avec d'autres pays européens, en particulier autour de l'axe industriel franco-allemand. L'Europe a clairement un sens, dispose d'un potentiel énorme et constitue un levier de négociation de poids face à la Chine et aux États-Unis », argumente Vincent Jauneau du Gimelec. La mise en place des fonds pour le financement de ces grands projets pourrait avoir lieu à l'horizon 2020 et les appels à projet en 2020 ou 2021.

Combler le manque d'accès aux compétences

Quatrième levier d'action : la préparation des ressources humaines à la production de demain. Car si le rythme d'investissement dans l'industrie du futur est insuffisant, c'est aussi à cause d'un déficit de formation et d'un manque d'accès aux compétences. Il est donc impératif de sensibiliser les industriels aux bénéfices de l'industrie du futur et le grand public aux carrières industrielles. Pour cela, dans le cadre du CNI (Conseil national de l'industrie), branche Éducation, et du projet de filière MS2I (Machines et solutions industrielles intelligentes), l'idée serait de développer une plateforme de formation aux métiers et technologies de l'industrie du futur avec mise à disposition de contenus, pour la formation initiale et continue, et de créer des formations sur l'architecture et l'intégration des systèmes de production. Par ailleurs, l'analyste préconise d'intégrer dans le PIC (Plan investissement dans les compétences) les métiers de l'industrie du futur et d'allouer 20 % de ce PIC au développement de ces métiers. Sans oublier – et c'est aussi très important – de poursuivre les campagnes de sensibilisation auprès du grand public et en milieu scolaire. « Au-delà de l'important travail à faire sur les formations, il est crucial de revaloriser les emplois dans l'industrie auprès des jeunes. Car un bon soudeur par exemple, pourra trouver du travail avec un bon salaire, sans aucun problème. L'industrie, c'est sexy, bien plus que la banque, et il faut le faire savoir », affirme, enthousiaste, Vincent Jauneau. Toutes ces mesures peuvent être mises en œuvre dès cette année, dans le cadre du Pacte productif 2025.

Enfin, Accenture Strategy identifie le redressement des marges des industriels comme le cinquième levier pour gagner en performance. La rentabilité des entreprises industrielles françaises est en effet deux fois inférieure à celle de l'Allemagne ou de l'Italie, alors que la productivité du travail y est similaire. L'objectif est de prendre exemple sur ces pays, qui soutiennent fortement l'investissement via les leviers fiscaux et budgétaires, en mettant en place, dans le cadre du Projet loi de finances 2020, une réduction de la fiscalité sur la production pour la ramener au niveau de celle de nos voisins.

On le voit ici, alors qu'elle est en pleine actualité en Europe et dans le monde, l'industrie du futur est encore trop peu développée en France. Dans les trois années qui viennent, de concert avec les pouvoirs publics, un plan plus ambitieux doit être lancé pour soutenir la compétitivité dans et au-delà de nos frontières, assurer la transition énergétique et la mutation numérique, générer des emplois et restaurer notre balance commerciale, préconise Accenture Strategy. « La transition de la France vers l'industrie du futur se joue maintenant car la Chine et les États-Unis ne nous attendrons pas. Or, malgré tous les efforts de la filière, la clé de cette transition est liée à la volonté des industriels eux-mêmes de faire le premier pas. Les avantages de l'industrie du futur sont nombreux. Outre les gains de productivité, elle permet la production de produits personnalisés en plus petites quantités et ainsi de relocaliser des productions sur notre territoire. Sans oublier qu'elle a permis de faire émerger en l'espace de cinq ou six ans l'efficacité énergétique comme un enjeu majeur de l'industrie dans les années à venir. Certains industriels craignent que cela implique un investissement élevé, mais ce n'est pas le cas. Avec une enveloppe de 5 000 e, il est déjà possible de mettre en place une solution efficace avec un retour sur investissement très rapide. Donc, je n'aurais qu'un seul mot à adresser aux dirigeants d'entreprises industrielles : “Foncez !'' », conclut Vincent Jauneau.

Qu'est-ce que le concept d'industrie étendue ?

Le concept d'industrie étendue, qui va au-delà du clivage traditionnel entre industrie et services, permet de qualifier les secteurs concernés par l'industrie du futur, en intégrant non seulement les activités de transformation de la matière mais aussi les services à caractère industriel et les utilities (fourniture d'énergie). L'industrie étendue française représente 512 milliards d'euros en valeur ajoutée (2017) contre 1 083 mil-liards pour l'Allemagne, soit l'équivalent de 5,5 millions d'emplois. Elle représente 25 % de la valeur ajoutée totale du pays contre 36,6 % en Allemagne, 28,0 % au Royaume-Uni, 29,3 % en Italie et 28,9 % en Espagne. Elle constitue l'une des réponses pour garantir la compétitivité du pays et répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux, notamment en termes d'emplois qualifiés.

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