L'instrumentation au format USB

Le 01/11/2015 à 13:30

Lorsque l'on parle d'instrumentation électronique, on pense immédiatement aux appareils de table ou aux modèles portables que tout un chacun utilise au quotidien lors de la conception d'une électronique de puissance, de la mise en service d'un réseau sans fil dans un site industriel, etc.A côté de ces formats traditionnels sont apparus, il y a bientôt une trentaine d'années, desinstruments de mesureseprésentantsous la forme de cartes électroniques selon les standards VXI ( VME eXtensions for Instrumentation ), puis une dizaine d'années plus tard, le standard PXI ( PCI eXtensions for Instrumentation ), et plus récemment, le PXI Express. Si les instruments de mesure modulaires requièrent, entre autres, la mise en œuvre d'un châssis, certains fabricants, tels que l'américain Data Translation représenté en France par Sacasa Industries et Systèmes (SAIS), ont lancé un autre format: l'instrumentation USB.

Il suffit de connecter un module USB à un PC portable ou de bureau et d'ouvrir le logiciel associé pour pouvoir réaliser immédiatement des mesures de température, obtenir des oscillogrammes, générer un signal, etc. Il n'y a normalement aucune programmation à faire.

Pico Technology

Au début, les modules USB restaient cantonnés à des fonctions très simples, du type entrées/sorties, aux performances vraiment d'entrée de gamme. Il suffit de voir les derniers produits mis sur le marché –tels que les analyseurs de spectre temps réel RSA306 de l'américainTektronix ( voir Mesures n°870 ) et RTSA7500 de son compatriote Berkeley Nucleonics Corporation (BNC), la série de numériseurs ADQ14 du suédois Signal Processing (SP) Devices ( voir Mesures n°877 ), le module d'acquisition de signal dynamique DT7837 de Data Translation doté d'un processeur ARM Cortex-A8 600 MHz, pour les mesures acoustiques, de vibrations et de bruit, l'oscilloscope numérique SmartScope du belge LabNation ou encore VirtualBench, un boîtier com-pact regroupant cinq instruments de mesure différents de l'américain National Instruments ( voir Mesures n°867 )–, pour se rendre compte que la donne a bien changé.

Depuis une dizaine d'années, les instruments de mesure classiques ont dû faire une (petite) place à un autre type d'appareils. Il s'agit de boîtiers compacts et aveugles, dédiés à une fonction de mesure et connectés à un PC par l'intermédiaire d'un port USB.

Tektronix

Mais qu'entend-on par instrumentation USB? Dans cet article, nous nous intéressons aux modules aveugles (sans écran) et dédiés en termes de fonctions de mesure, que l'on doit connecter au port USB d'un PC portable ou de bureau pour le configurer, pour récupérer en temps réel les données, les afficher et les exploiter. « De très nombreux instruments de mesure disposent d'une interface USB, désormais bien plus commune que le GPIB, mais la grande majorité fonctionnent d'une manière autonome (instruments modulaires et de table) », rappelle Christian Ropars, président d'Acquisys distributeur d'ADLink Technology, de Gigatronics, d'ICS Electronics, de Measurement Computing (racheté en 2005 par National Instruments comme IOtech la même année) et de Smart Engineering Tools (SET). Même selon cette définition, l'éventail des produits reste encore très large: on retrouve les caméras USB, les enregistreurs de grandeurs physiques compacts (les petits dataloggers ou mouchards), les adapta-teurs USB pour divers bus, etc.

On pourrait croire qu'avec des instruments low cost, les performances métrologiques sont, elles aussi, low cost. La série ADQ14 de SP Devices prouve le contraire : la fréquence d'échantillonnage atteint jusqu'à 2 Géch/s (1 ou 2 voies), pour une résolution de 14 bits et une bande passante analogique maximale de 1 GHz.

SP Devices

C'est ainsi que seuls les fabricants de modules USB proposant des fonctions d'acquisition de données ou de test et de mesure ont été retenus dans le tableau ( voir page XX ). Cela représente toutefois plus d'une soixantaine de fabricants et au moins une dizaine de distributeurs… Comme il est impossible de lister tous les produits commercialisés en France, notre choix a été d'indiquer la liste des fabricants et des principaux distributeurs avec le type de fonctions au format USB que chacun propose. Evidemment, derrière chaque point peut se cacher un ou deux produits (analyseur de câbles et d'antennes de Kaelus, par exemple) ou alors des dizaines de modèles différents (entrées/ sorties de Measurement Computing). Une autre raison de ce choix totalement arbitraire est qu'au-delà du choix du format (USB,appareil autonome,PXI…), les critères de sélection redeviennent plus classiques et propres à chaque type de fonction, à savoir bande passante, fréquence d'échantillonnage, résolution, nombre d'entrées/sorties, etc.

Des utilisateurs dans tous les secteurs industriels

« Face aux appareils de mesure “commandables”par USB,mais aussi par GPIB ou LAN, les modules dédiés USB sont souvent une réponse pour des personnes ayant un petit budget et qui se rabattent donc sur un modèle moins ambitieux que prévu, ou alors pour celles qui recherchent un produit pouvant être ali-menté par l'interface USB pour leurs déplacements, constate Philippe Vannier, président d'Acquitek. Pour Fabrice Roger, cogérant de SAIS, les clients ont l'impression que les instruments de table restent chers,ce qui les incite à utiliser les deux types d'appareils : par exemple, mesurer des courants avec un appareil de table et mettre en œuvre un module USB pour exploiter ensuite rapidement les données sous Matlab ou Dasylab, par exemple, grâce à des outils très simples auxquels il est possible d'ajouter des options payantes pour l'analyse FFT, etc.»

En ce qui concerne les débouchés de l'instrumentation USB, « les utilisateurs se trouvent aussi bien en recherche et en développement que sur le terrain avec des appareils de diagnostic, de maintenance », résume Nicolas Stenko, spécialiste Cartes et analyseurs chez NeoMore. « Les fabricants de chipset sans fil, de systèmes de communication radar ou satellite, les systèmes radio point-à-point sont autant de clients. L'industrie des fabricants sans fil a commencé à adopter le facteur de forme USB pour des raisons de coût, de portabilité et de compatibilité élevée avec nos autres instruments de mesure RF, afin d'étendre leur compétence. N'oublions pas que l'USB convient également très bien aux applications de maintenance sur le terrain dans le secteur des communications radar/RF », poursuit Wong Wah Hing, Product Marketing Engineer chez KeysightTechnologies.

Très compacts, les modules d'instrumentation au format USB, comme le modèle d'acquisition de données USB-1210 d'ADLink Technologies, peuvent prendre l'air et être emportés sur le terrain. Les utilisateurs les glissent facilement dans le sac de leur PC portable.

ADLinkTechnology

Pour Laurent Weber, directeur du développement d'activité EMEA de SP Devices, « les physiciens sont friands de cette instrumentation et les OEM commencent à s'y intéresser. Pour les applications de pro-totypage et de recherche,les modules USB sont en effet économiques,faciles à mettre en œuvre, transportables. Par exemple, l'EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, ndlr) privilégie les instruments USB pour réduire l'encombrement sur les paillasses.» Ce que confirme Philippe Vannier (Acquitek): « Les solutions USB sont de plus en plus intéressantes pour l'éducation, afin d'équiper des salles de classe en lycées avec des moyens plus informatiques (modules reliés à un PC). De par ses atouts (un bon rapport performances/prix,la compacité,une intégration facile), l'instrumentation USB intéresse également les entreprises voulant intégrer une fonction dans leur équipement (la carte et non tout le boîtier) pour le médical, les ultrasons, le suivi de fibres optiques… » Richard Keromen, responsable de l'équipe marketing technique pour la région Méditerranée chez National Instruments, lui, constate que « beaucoup de nos clients nous demandent si nous avons des produits équivalents au PicoScope (de Pico Technology, ndlr) . Mais nous ne conseillons pas forcément l'USB, sinon via notre gamme CompactDAQ ou hormis pour l'éducation. Et même dans ce cas-là, VirtualBench est notre solution. En fait, les numériseurs, multimètres et autres modules USB sont des produits d'accroche ; ils nous permettent de commencer à travailler avec des clients, en réponse à des besoins très simples.» « Dans le domaine des essais sur prototypes ou de l'après-vente (pour intervenir rapidement), tous les secteurs sont concernés : les militaires, l'automobile, l'aéronautique, l'industrie… Les ingénieurs et techniciens ont tous leur propre PC avec lequel il travaille et qu'il est facile de renouveler.L'USB est donc un bus que l'on trouve partout et aussi Plug and Play (les drivers existent), même s'il y a toujours un peu de configuration à faire », ajoute Loïc Siret, CEO de Dewefrance, société créée en 2013 et qui distribue notamment les produits de DeweSoft. D'autant que « l'USB est devenu relativement fiable et pé-renne.Ilavait auparavant mauvaise presse dans l'industrie, il faut le reconnaître. D'où un marché qui continue de se développer », ajoute Christian Ropars (Acquisys).

Pour les applications de test et de mesure, il existe un très large éventail de fonctions : on trouve évidemment des multimètres et des oscilloscopes numériques, des sondes de puissance, mais aussi des analyseurs de protocoles, des générateurs de fonctions ou de patterns.

Active Technologies

Connecter, mesurer et analyser !

A entendre les différents acteurs interrogés, les avis sont contrastés lorsque l'on demande quelle a été l'évolution du marché ces dernières années. Les uns affirment que leurs ventes sont en croissance (mais ils ne sont pas depuis longtemps sur le marché et partent donc d'un chiffre d'affaires proche de zéro); d'autres le voient plutôt stable, compte tenu du fait que le marché général du test et de la mesure ne s'est pas bien porté ces dernières années… A noter qu'il n'y a pas eu non plus de nouveaux entrants sur le marché de l'instrumentation USB, si l'on fait abstraction de l'invasion de produits chinois. Comme le précise Christian Ropars (Acquisys), « s'agissant de produits simples et économiques, les fabricants se doivent de disposer d'une structure adaptée (canaux de distributeurs horizontaux et verticaux, ndlr), ce qui passe par la vente en ligne et un support minimum.» Economiques, comparés à des instruments de mesure de table équivalents, mais c'est parfois vite dit: les premiers prix débutent en effet à partir de 100 à 300 euros, mais on trouve à côté des modèles dont le prix dépasse allègrement les 1000 euros, voire dont le prix peut atteindre 25000 euros!

Data Translation

Les industriels de l'automobile, du transport, de l'aérospatial ne sont pas confrontés à des limites pour leurs applications en acquisition de données. Dans un seul boîtier Sirius (à droite), il est possible de disposer de 4 à 1 000 entrées analogiques, échantillonnées à 1 Méch/s. Et n'oublions pas les outils logiciels associés, comme ceux pour le VIBbox destiné à la mesure des vibrations.

DeweSoft

Au vu notamment de son large déploiement dans l'industrie, quelles sont les raisons du succès de l'instrumentation USB ? Nous avons déjà évoqué l'avantage économique de tels modules qui est le facteur nu-méro un, mais il n'y a évidemment pas que celui-ci. Comme il s'agit d'un module connecté directement à un PC, l'appareil de mesure « virtuel » – à ne pas confondre avec les fameux VI ( Virtual Instruments ) de l'environnement graphique LabView de National Instruments –, l'utilisateur peut immédiatement réaliser ses mesures de température, obtenir des oscillogrammes ou décoder un bus, sans aucune programmation bien souvent, et bénéficie également de la puissance et des outils disponibles dans son PC. «En plus d'être économique,l'instrumentation USB permet de s'affranchir de certaines contraintes liées aux PC. En premier lieu, le nombre élevé de problèmes d'obsolescence, de maintenance car, sur une période de quatre, cinq ans, le parc informatique vieillit », avance Loïc Siret (Dewefrance). Si les utilisateurs n'ont pas, ou très peu, de programmation à faire, cela signifie que ce sont les fabricants des modules qui font en sorte que tout fonctionne bien, en prenant en charge le développement et l'évolution des pilotes logiciels ( drivers ). « Par exemple,ADLinkTechnology livre un applicatif pour gérer les modules d'une manière indépendante, qui sont donc prêts à l'emploi, sachant qu'il existe des drivers pour presque tous les logiciels du marché (LabView,Matlab,DasyLab…),compatibles aussi bien avec les systèmes d'exploitation Windows, Linux et de plus en plus souvent Android. Les fabricants visent en effet des marchés différents pour lesquels les modules sont livrés avec une tablette », ajoute Christian Ropars (Acquisys).

La seule limitation pour l'utilisation, en termes de puissance de calcul, d'outils d'analyse, d'exploitation, d'exportation des données, réside dans les capacités du PC et des logiciels installés. Ce qui permet quand même de faire pas mal de choses… « Notre logiciel pour PC BenchVue permet d'accélérer les tests en assurant la capture des mesures et leur enregistrement sans programmation ainsi que la visibilité de données issues de plusieurs instruments. Que ce soit des sondes de puissance RF USB ou un multimètre numérique,un analyseur de spectre ou un générateur de fonctions. L'outil permet également de mettre à disposition des fonctions telles que les corrections gamma et de paramètres S, la sensibilité temporelle en mode moyenné », explique Wong Wah Hing (Keysight Technologies). Il y a néanmoins toujours des grincheux pour regretter les bons vieux boutons de réglages d'un oscilloscope et/ou qui ne veulent pas entendre parler d'écrans tactiles…

Et Nicolas Stenko (NeoMore) de poursuivre: «Les modules USB bénéficient ainsi de l'évolutivité du logiciel – les fournisseurs proposent des mises à jour qui s'installent simplement sur le PC et permettent de faire évoluer l'appareil et de celle du matériel. L'instrument de mesure profitera des améliorations continues des technologies informatiques, en termes de capacité de traitement, d'autonomie ou de réduction de taille (pour les PC portables). On peut faire le parallèle entre les applications de navigation sur smart-phones et les navigateurs GPS équipant les véhicules de série. » Autre avantage face aux instruments de mesure de table, dans lesquels le PC est intégré, la fiabilité est améliorée du fait précisément de l'absence d'alimentation, de ventilateur, d'écran, autant de composants susceptibles de tomber en panne. «Il faut toutefois faire attention à l'aspect thermique des boîtiers. Une ventilation intégrée et adaptée est souvent nécessaire pour assurer une dissipation thermique suffisante. Certains industriels enlèvent d'ail-leurs le capot pour intégrer nos modules USB directement dans leur équipement », pointe Laurent Weber (SP Devices).

Des fonctions pour toutes les applications, même le terrain

Parmi les autres avantages des modules USB, il y en a un qui saute aux yeux: une grande compacité qui assure une portabilité sans commune mesure avec celle que peut offrir un instrument de table, voire même un appareil portable. «Des dimensions réduites permettent de libérer de la place dans l'environnement de travail de l'ingénieur et facilitent une utilisation sur site. Les intervenants emportent souvent un PC portable avec eux et un boîtier USB peut facilement tenir dans la même sacoche », constate Nicolas Stenko (NeoMore). Une utilisation sur le terrain est d'autant plus aisée que la grande majorité des modules USB sont alimentés par le port USB –dans les cas où le courant fourni par le port USB n'est pas suffisant, on utilise une alimentation séparée.

A l'instar de l'oscilloscope numérique SmartScope de LabNation, les modules d'instrumentation USB ne prennent pas beaucoup de place dans l'environnement de travail des utilisateurs. Surtout associés à une tablette numérique…

LabNation

L'exemple le plus récent est l'analyseur de spectre RSA306 de Tektronix. Les mauvaises langues argueront que la compacité du module est toute relative, puisqu'il faut quand même associer un PC portable ou une tablette numérique pour faire des mesures… Du point de vue mécanique, un boîtier sans boutons ni écran affiche une robustesse plus élevée qu'un appareil de table, d'où des économies en termes de maintenance, par exemple.Seul bémol,la faible robustesse du connecteur USB peut poser un problème dans certains cas (applications sur site, essais). On trouve des connecteurs USB vissés du côté de la centrale de mesure, d'oùundurcissement et une robustesse mécanique standard, l'impossibilité de verrouillage peut entraîner un arrachement des prises et des problèmes des vibrations. Cette faiblesse devrait s'améliorer avec la spécification USB 3.0. «L'USB 3.0 présente des caractéristiques plus professionnelles : les connecteurs sont par exemple “clippables”, ce qui assure une tenue plus fiable, une meilleure fixation dans les environnements avec de fortes vibrations et/ou des températures élevées», avance PhilippeVannier (Acquitek).

A l'image de l'analyse Bluetooth Explorer400 d'Ellisys (à gauche) ou du module d'acquisition de signal dynamique DT7837 de Data Translation, certains modèles USB intègrent une«intelligence»,souslaformeparexemple d'un processeur ou d'un FPGA. L'objectif est de réaliser un premier traitement de données, avant le transfert pour stockage au PC.

Ellisys Data Translation

Lorsque l'on regarde d'un peu plus près les spécifications métrolo-giques, il faut battre en brèche quelques idées préconçues que d'aucuns peuvent encore facilement avoir sur l'instrumentation USB. On pourrait croire qu'avec des instruments de mesure low cost , les fonctions et performances sont, elles aussi, low cost . Eh bien l'offre existante et les spécifications de certains modèles prouvent le contraire… On retrouve ainsi listés dans le tableau des numériseurs, des enregistreurs, des filtres et une ribambelle d'entrées/sorties en acquisition de données. « Data Translation étend ses gammes avec une segmentation plus par applications, pour des marchés de niche même, au détriment des cartes généralistes. Les améliorations portent sur l'augmentation de l'isolation galvanique (± 3 500 V entre voies), de manière à réduire le bruit, sur la présence de CAN 20 bits, ce qui évite de mettre en œuvre des gains par exemple,et sur un conditionnement du signal intégré », énumère Fabrice Roger (SAIS).

Et Loïc Siret (Dewefrance) d'ajouter: « DeweSoft propose des modèles dotés de 64 voies, échantillonnés à une fréquence de 1MHz par voie, ce qui ne pose aucun souci parce que l'on traite les flux au maximum de leurs performances (si nécessaire,une synchronisation est réalisée avant avec plusieurs contrôleurs). Il n'y a donc pas vraiment de limites actuellement ! » Pour les applications de test et de mesure, les utilisateurs ont le choix entre des multimètres,des oscilloscopes,des analyseurs logiques, des analyseurs de spectre ou de réseau vectoriels, des générateurs de fonctions ou de poursuite, des sondes de puissance, des analyseurs de proto-cole, des interfaces de bus, etc. «Je ne vois pas de lacunes en termes de fonctions dans l'ensemble des offres commercialisées sur le marché. Il manque peut-être des matrices de commutation –KeysightTechnologies en propose toutefois ,des analyseurs de spectre à des fréquences allant jusqu'à 26GHz ou des sources (alimentations continues, sources 4 quadrants pour le test paramétrique) », identifie à la rigueur PhilippeVannier.

Des limitations matérielles et logicielles aussi

Même si l'offre s'est significativement étoffée, il demeure que l'instrumentation USB ne peut pas rivaliser, en termes de performances métrologiques, avec les appareils de tablehaut de gamme ni avec les solutions modulaires basées sur les standards PXI/PXI Express, CompactPCI. «Par exemple,si un utilisateur souhaite enregistrer un phénomène physique sous différents angles,cequi signifie devoir mettre enœuvre un oscilloscope, de la commutation, etc., de marques différentes de surcroît, il est de loin préférable de choisir un châssis modulaire associé àdes cartes », affirme Richard Keromen (National Instruments). Et celaest d'autant plus intéressant, éco-nomiquement parlant aussi, lorsque l'onest en présenced'un (très) grand nombredevoiesdemesure.Avec une solution PXI, par exemple,ilyaévi-demment le coût du ticket d'entrée (le coût duchâssis), plus il yade voies et d'instruments de mesure, plus le coût àlavoie est faible et la solution rentable.

Il est possible de disposer d'un certain nombre d'entrées/sorties avec un seul boîtier USB (tension, thermocouples…). Mais bien d'autres applications requièrent plus de voies et/ou la combinaison de plusieurs fonctionnalités de mesure. Les solutions modulaires (PXI/PXI Express) sont alors privilégiées.

Measurement Computing

Richard Keromen poursuit en pointant un autreinconvénient: «Lafonction d'un module USB étant figée (multimètreouana-lyseur de spectre),les ingénieurs sont confrontés au problème de l'évolutivité des applica-tions.Avec notre centrale d'acquisition de données USB CompactDAQ,ilest possible de connecter tout un ensemble de modules de mesure (vibrations,chocs,température…) et donc dedisposer d'une multitude d'entrées possible.» Toujours dans les limitations mécaniques, ingénieurs ettechniciens doivent également penser àladistance entre les modules et le PC auquel ils sont connectés. «Unmodule USB peut être éloigné jusqu'à une distance de 5maumaximum. Mais il existe des alternatives pour aller plus loin : recourir à des liaisons Ethernet ou par fibres optiques,via des convertisseurs,le tout étant parfaitement synchronisé», précise Loïc Siret (Dewefrance). « Nous avons d'ailleurs introduit les sondes de puissance USB série X U2040, premiers modèles commercialisés sur le marché avec une interface LAN et permettant d'atteindre une distance de 100 m », annonce Wong Wah Hing (KeysightTechnologies).

Rohde &Schwarz

Si l'instrumentation RF et micro-ondes est plutôt rare au format USB, il existe pourtant une offre assez conséquente (toutes proportions gardées) pour la mesure de puissance. Une dizaine de fabricants se sont en effet positionnés sur ce marché, avec des wattmètres se présentant sous la forme de sondes.

KeysightTechnologies

Si l'on s'intéresse maintenant à la partie logicielle, le fait d'être associé à un PC peut précisément s'avérer être le talon d'Achille de l'instrumentation USB. « Il faut bien réfléchir au système d'exploitation.Windows fait en effet ce qu'il veut quand il veut avec la gestion d'un port USB, et rien ne garantit un fonctionnement sans problème sur des mois, des années, contrairement à Linux », insiste Laurent Weber (SP Devices). Il faut également s'assurer que les outils et autres logiciels sont bien compatibles avec la version du système d'exploitation (32 ou 64 bits). Fabrice Roger (SAIS) poursuit en rappelant que «cela peut être aussi un handicap lorsque les utilisateurs développent directement leurs propres outils,parce qu'ils peuvent alors écrire dans les registres. Il n'est pas rare de voir des cartes développées il y a une trentaine d'années encore en fonctionnement.» Par ailleurs, « contrairement aux instruments de mesure complets, avec leur configuration figée et fermée, les modules USB (en fait les PC auxquels ils sont connectés) peuvent être relativement exposés aux virus et au hacking . Et les services informatiques des grands comptes imposent au personnel certaines règles d'utilisation qui peuvent compliquer l'installation de périphériques », constate Nicolas Stenko (NeoMore) qui ajoute que les instru-ments de mesure intégrés peuvent par ailleurs démarrer en quelques secondes, alors qu'un système basé sur un PC mettra plus de temps à booter .

Compte tenu des quelques limites de l'interface USB, les utilisateurs privilégient plutôt des solutions de mesure basées sur Ethernet, voire sur des liaisons sans fil, pour des raisons de vitesse de transfert et de distance bien supérieures ou de portabilité accrue.

National Instruments

Le streaming démocratisé par l'USB 3.0

L'un des reproches récurrents de la part des fournisseurs concerne la bande passante disponible avec la spécification USB 2.0.Le débit de transfert des données est en effet limité à 20Mo/s au maximum,ce qui est largement suffisant pour la majorité des applications (entrées température ou multimètres). Mais cela peut poser un problème lorsqu'un grand nombre de données doivent être enregistrées très rapidement sur le disque dur du PC. Comme, par exemple, dans le cas de la visualisation en temps réel d'oscillogrammes ou, de plus en plus souvent, dans le cas d'un transfert «en temps réel» des données (le streaming ) pour bénéficier de la puissance de calcul du PC, d'autant que la mémoire intégrée au module USB est limitée. Une solution est d'embarquer de l'«intelligence» dans les modules USB,un FPGA qui aura la charge de réaliser un premier traitement (détection d'impulsions, FFT ou moyennage), afin de réduire le transfert aux seules informations pertinentes et donc de limiter au minimum l'occupation de la bande passante de l'USB.

Les fabricants de modules USB disposent d'une autre solution afin de franchir allègrement les 20Mo/s de la bande passante de l'USB 2.0. Ils intègrent en effet progressivement un port USB 3.0 dont le débit de transfert de données maximum atteint 200Mo/s. En multipliant ainsi la vitesse par un facteur dix, de nouvelles perspectives s'ouvrent à l'instrumentation USB. Ce qui va permettre de généraliser la fonction de streaming , d'accroître par la même occasion les durées d'enregistrement de données sur le disque dur du PC, etc. Il sera même envisageable, avec la spécification USB 3.1, de disposer d'une puissance électrique plus importante (de l'ordre d'une centaine de watts) en particulier pour la génération de signal. « L'USB 3.0 répond effectivement à la demande en termes de débit et de mobilité, mais les utilisateurs veulent encore plus de mobilité. Et tous les PC n'intègrent pas l'USB 3.0, alors que presque tous disposent d'une interface sans fil. Le futur serait donc plutôt le sans-fil (Wi-Fi) », affirme Richard Keromen (National Instruments). Ce que confirment d'autres fournisseurs en mettant, eux, en avant le LAN associé éventuellement avec de l'instrumentation USB pour des mesures locales et/ou automatiques…

On voit apparaître ces derniers temps des nouveaux modules USB pour les mesures RF, autres que les habituelles sondes de puissance. Ce sont par exemple l'analyseur de spectre temps réel RTSA7500 (100 kHz à 8, 18 ou 27 GHz ; à gauche) de Berkeley Nucleonics ou l'analyseur de réseau vectoriel 2 ports ShockLine MS46322A (1 MHz jusqu'à 43,5GHzqd'Anritsu.

BNC Anritsu

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