Les drones inspirent les start-up et le monde de l'innovation

Le 01/10/2015 à 14:00

S elon une étude de Forecast International, les drones aériens représentent le plus important marché de défense des années à venir. Elle estime que le marché des drones aériens civils pourrait quasiment tripler d'ici 10 ans pour atteindre 2,3 milliards de dollars par an en 2023. Parallèlement, la production des drones terrestres devrait passer de 4,5Md$ en 2013 à 12Md$ en 2019. Enfin, un marché mondial s'ouvre aux drones maritimes: le fret, dont les besoins de sécurisation ne cessent de croître. Sur les 650 acteurs de la filière des drones comptabilisés par la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) en 2014, seules une cinquantaine de sociétés étaient des constructeurs et 600 des revendeurs, distributeurs ou prestataires de services (opérateurs) intervenant dans la filière des drones.

Malgré ce nombre important d'acteurs, la filière du drone commence petit à petit à se structurer. Plusieurs start-up émergent et se font un nom en France, voire à l'international, comme Delta Drone, Fly-n-Sense ou Redbird. La compétence technologique de ces PME du drone civil intéresse les secteurs industriels ( voir notre article en page 42 ) mais également l'armée, qui a pris quelque retard dans son usage des drones, souligne Bpifrance. La Défense nationale est aujourd'hui prête à investir dans les entreprises qui possèdent une technologie fiable en matière de sécurisation des transmissions, d'énergie (autonomie, miniaturisation), de gestion intelligente des données, de capteurs, de lancement et de récupération de drone… La principale limitation dans l'utilisation des drones se trouve au niveau de leur durée d'utilisation. Celle-ci est encore limitée, c'est pourquoi un marché s'ouvrira aux acteurs capables de créer des batteries à la fois miniatures, puissantes et modulables selon les besoins des drones. Se pose aussi la question de la charge utile: que peut-on installer sur l'aéronef et à quelles fins? Par ce terme est désigné tout équipement embarqué permettant la réalisation d'une mission: capteurs électro-optiques (caméras), électromagnétiques (radars), chimiques, biologiques, bio capteurs ou encore calculateurs. Les choses avancent lentement sur ce point. En juin dernier, la start-up américaine Skyfront a annoncé avoir développé une technologie permettant de porter l'autonomie des drones civils à 4 heures avec une charge utile de 1kg, ce qui pourrait étendre l'utilisation des drones à de nouveaux débouchés. Mais il reste encore à industrialiser cette tech-nologie. Leur utilisation et leur fiabilité représentent donc encore un véritable défi pour les constructeurs de drones, souligne le Centre national de ressources et d'information sur l'intelligence économique et stratégique.

Fotolia L'autonomie des drones est encore limitée, c'est pourquoi un marché s'ouvrira aux acteurs capables de créer des batteries à la fois miniatures, puissantes et modulables selon les besoins des drones.

Le ministère de la Défense propose un dispositif de financement, nommé Rapid, qui subventionne les PME jusqu'à 80% de leurs dépenses de R&D pour leurs projets de drones adaptés à une utilisation à la fois civile et militaire. En 2013, la DGA a ainsi consacré 40Me au financement de 60 projets présentant un potentiel innovant pour la Défense. L'occasion pour les PME de développer leur activité, voire d'exporter plus facilement en mettant en avant leur prestigieux partenariat avec la DGA.

La filière se structure

Pour garder une longueur d'avance sur ce secteur émergent, qui fait l'objet d'une réglementation spécifique unique depuis 2012 ( voir page 44 ), les initiatives se multiplient. Une fédération professionnelle du drone civil a été créée en 2013 et trois pôles de compétitivité, Astech, Pégase et Aérospace Valley, dé-diés à l'industrie aéronautique et spatiale, s'y intéressent. Dernière action en date : les drones civils ont été intégrés dans l'un des plans de la Nouvelle France industrielle. Objectif: faire émerger une filière française leader tant en matériels qu'en services sur le marché mondial.

Malgré un nombre important d'acteurs, la filière du drone commence petit à petit à se structurer. Ainsi, plusieurs start-up émergent et se font un nom en France, voire à l'international, comme Delta Drone (dont le drone Delta H est représenté ici), Fly-n-Sense ou Redbird.

Parrot est l'un des principaux acteurs de la filière drones et s'intéresse, à ce titre, aux start-up qui émergent dans les applications les plus porteuses. Début 2014, la société a annoncé deux prises de participations au sein de start-up spécialistes des drones civils professionnels. D'une part Airinov, dans lequel Parrot a investi 1,6Me pour entrer à hauteur de 20,9% du capital de cette entreprise qui a conçu un drone capable d'observer avec précision les exploitations agricoles. D'autre part, Parrot a investi 1Me pour 33,4% du capital de EOS innovation, un spécialiste de la robotique mobile destinée à la surveillance des sites industriels, plates-formes logistiques et entrepôts.

Delta Drone, autre entreprise spécialisée dans le secteur des drones civils à usage professionnel, a réalisé deux opérations d'augmentation de capital successives pour un montant total de 4,5Me ainsi qu'une émission d'obligations convertibles en actions avec bons de souscription attachés, laquelle pourrait aboutir à une augmentation des fonds propres d'un montant maximum de 10Me.

Autre levée de fonds plus récente: celle opérée début avril parR&Drone, société créée fin 2012 par Marco Calcamuggi au sein de la technopole Bordeaux Technowest à Mérignac (Gironde).Cette levée de fonds, réalisée auprès d'un groupe d'investisseurs fédérés autour de Stéphane Zittoun (NP6), avec l'appui d'Aquitaine Développement Innovation, lui a permis de réunir 600000e.

ui a permis de réunir 600000e. &Drone est un bureau d'étudesméca-ronique qui regroupe des expertises en ogiciel embarqué ainsi qu'en méca-ique.Elle développe ainsi des drones utonomes aériens, maritimes etter-estres auxquels elle intègre des capteurs caméras,nez électroniques, sonars…), es capacités de géolocalisation et de au contexte des missions (évitement d'obstacles…). Son modèle «Droneo» par exemple, navigue sur des lacs en totale autonomie, cartographie les fonds et analyse la qualité des eaux. R&Drone propose aussi des robots à chenilles pour inspecter des gaines et des conduits de bâtiments ainsi que des drones volants.

Une des forces de R&Drone vient de son socle méthodologique qui lui permet de produire en quelques mois des solutions opérationnelles répondant aux exigences des clients, et de faire évoluer ces solutions par itérations. Grâce à ces méthodes agiles, le client s'assure de l'adéquation parfaite du drone avec son besoin avant de figer une version définitive. Cette approche a déjà séduit entre autres, la Lyonnaise des Eaux, Airbus Defence & Space, Eurovia et le grand port maritime de Bordeaux.

Plusieurs événements consacrés aux drones

L'innovation dans les drones se traduit également par l'organisation d'événements comme le salon UGS ( Unmanned Global Systems ) qui se déroulera du 13 au 15 octobre prochains à Bordeaux ( voir encadré ). Pour sa part, Engie, nouvelle identité de GDF Suez, a choisi une formule plus originale en organisant, du 24 au 26 avril dernier, un «hackakthon » (associant « hack » et « marathon») dédié aux drones. Au cours de cet événement, plus de 200 participants ont proposé 28 projets pour développer des applications au service des industriels. Ce «hackathon», baptisé Hack the drone s'est concentré sur quatre domaines essentiels : les mesures métriques à distance, l'analyse des points de corrosion ou des zones de déformation sur des canalisations, la neutralisation contrôlée de drones et enfin la mise au point de systèmes anticollisions pour drones. Engie s'intéresse depuis plusieurs années aux drones, notamment pour répondre aux enjeux de maintenance et de surveillance de ses infrastructures ou pour développer des services s'adressant aux clients industriels et aux collectivités publiques en matière de sécurité, de thermographie et de topographie.Via son fonds d'investissement dédié au financement de start-up innovantes «Engie New Ventures», le groupe a pris en avril dernier une participation minoritaire, d'un montant de 2Me, dans Redbird, un fournisseur de données acquises par des drones civils. Cet accord devrait permettre à Engie et à Redbird de renforcer à court terme leur partenariat dans deux domaines principaux : la maintenance et la surveillance des infrastructures gazières ainsi que les services aux clients industriels et aux collectivités publiques en matière de sécurité (grands événements sportifs et festifs), de thermographie, de topographie, etc.

UGS, un salon consacré à tous les types de drones

Un «Salon international des systèmes autonomes», baptisé UGS ( Unmanned Global Systems ), se déroulera du 13 au 15 octobre prochains à Bordeaux.

Lors de ce salon, les drones ne seront pas seulement aériens. Les organisateurs ont, en effet, décidé d'élargir la manifestation aux systèmes autonomes terrestres et maritimes, y compris sous-marins.

En effet, lorsqu'on parle de drones, on a généralement tendance à penser avionique. Mais l'essence même de ces machines, c'est d'être dotées d'autonomie. Cette caractéristique peut s'appliquer et trouver son utilité dans tous les milieux (air, terre ou eau) avec des systèmes de conception proches, voire identiques. D'où la démarche des organisateurs d'UGS. Objectifs de cette approche «multimilieux»: proposer une offre globale couvrant l'ensemble de la chaîne pour les utilisateurs potentiels, mutualiser des moyens et des savoir-faire approchants ou complémentaires et devenir la porte d'entrée vers le marché européen des drones pour les acteurs internationaux! 4000 visiteurs internationaux sont attendus au salon UGS. Il s'étendra sur 5000m² d'espaces d'exposition. 200 exposants sont attendus. 1500 rencontres entre professionnels sont préprogrammées. J.M.

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