Iso 50001 : Une Norme Pour Réduire Les Consommations

Le 01/11/2012 à 14:00

L'essentiel

La norme internationale ISO50001 vise l'amélioration de la performance énergétique.

Elle donne les lignes directrices pour développer une gestion méthodique de l'énergie.

A partir d'un diagnostic énergétique initial, l'organisme conforme à la norme définit ses cibles énergétiques et établit un plan de comptage de l'énergie.

Un système de management respectant les exigences de cette norme permet de réaliser à court terme des économies d'énergie.

Une entreprise a la possibilité de faire reconnaître sa démarche par un organisme tierce partie et indépendant.

L'énergie est notre a venir, économisons-la” et “faisons vite, ça chauffe” clament les publicités institutionnelles! Afin de passer à la vitesse supérieure, l'ISO 50001 est la nouvelle norme internationale publiée en juillet 2011 qui définit les exigences de mise en œuvre des systèmes de management de l'énergie. Son rôle concerne l'efficacité énergétique, la diminution des coûts et la réduction des émissions des gaz à effet de serre notamment pour les entreprises qui sont en première ligne.

Hélas, le palmarès français affiche un net retard avec une petite vingtaine de certificats ISO50001 contre 300 en Allemagne. Il est bien loin aussi des scores de pays tels que l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni, la Suède et même la Turquie…! Pourquoi un tel décalage?

« Avant nous, ces pays ont bénéficié d'incitations fiscales intéressantes », plaide Catherine Moutet, chargée de la nouvelle norme à l'Afnor normalisation. « Mais ce retard devrait se combler dans les mois à venir car depuis avril dernier,les incitations sont devenues très stimulantes aussi en France grâce aux CEE (cf encadré) avec des bonifications pour les opérations standardisées obte-nues dans le cadre d'une certification ISO 50001. Nos entreprises devraient dorénavant rattraper le temps perdu », poursuit-elle.

La norme ISO 50001 impose d'établir un plan de comptage de l'énergie. Les compteurs d'énergie doivent être positionnés aux endroits significatifs, par ateliers, par cellules ou même par postes. Des instruments tels que le PEL100 de Chauvin-Arnoux mesurent et enregistrent les principales données énergétiques pendant une longue période.

Chauvin-Arnoux

Bon nombre de PME devraient effectivement rapidement se positionner vis-à-vis de l'ISO 50001 vu ces encouragements car, en fonction des certificats obtenus, il est possible de négocier des services supplémentaires voire un pourcentage plus élevé d'énergie verte auprès du fournisseur d'énergie qui lui, cherche à collecter les fameux CEE. C'est l'ad-ministration qui délivre les certificats d'économies d'énergie via des organismes certificateurs indépendants tels que LRQA, Bureau Véritas,le groupe BSI,ouAFNOR certification. En France, les premiers certifiés sont les entreprises de services d'efficacité énergétique qui s'appliquent à eux-mêmes ce qu'ils proposent par la suite à leurs clients. Il s'agit de Cofely, GDF Suez, Schneider Electric (pour ses cinq principaux sites implantés à Grenoble et son siège de Rueil-Malmaison), le bureau de conseil Corem (île de la Réunion). Ils ont été suivis par de grands industriels qui s'intéressent à la norme. Le groupe Bouygues, par exemple, a commencé par son siège, puis par cinq sites industriels (la certification étant attachée à un seul site). PSA Mulhouse, Lyonnaise des eaux, Condat (usine de papier couché) dans le Périgord, Duravit, (appareils sanitaires) en Alsace et SMCO (traitement des déchets) en Mayenne. Près de Lyon, Mersen (fusibles, porte-fusibles et capteurs de courant) réalise un gain de 7% sur sa facture d'énergie, soit une économie de 21000 € depuis sa démarche de certification et Armor (encres industrielles) a divisé par trois sa consommation de gaz.

Le dispositif des certificats d'économies d'énergie (CEE) constitue l'instrument principal pour financer la politique de maîtrise énergétique. Les fournisseurs d'énergie ont l'obligation de faire faire des économies à leurs clients par le biais des CEE.

EDFWilliam Beaucardet

Une certification en deux étapes

Par souci de cohérence, les grands donneurs d'ordres, notamment ceux de l'automobile qui auront acquis la certification,imposeront tôt ou tard l'ISO 50001 à leurs sous-traitants. Artisans, petites et moyennes industries et sociétés du secteur tertiaire ainsi que toutes les entreprises motivées par les économies d'énergie sont ou seront concernés un jour ou l'autre.

Une plate-forme d'échanges

Pour l'ISO 50001, l'Afnor a mis en place un club d'échanges sur les systèmes de management de l'énergie de façon à ce que les firmes qui se lancent dans la démarche bénéficient de l'expérience d'entreprises plus avancées. A partir de cette plateforme organisée sous la forme d'un club, des échanges se créent entre les responsables de l'énergie dans chaque entreprise certifiée ou en cours de certification sur les pratiques, les problèmes rencontrés, les actions positives à partager dans la mise en place du système de management énergétique.

Ces échanges et réflexions incluent l'application des normes et les bénéfices et intérêts acquis à partir de différentes méthodes de calculs, méthodes d'évaluations et méthodes de vérifications des performances énergétiques.

Les exigences de la norme et ses modalités de mise en œuvre engendrent des moyens concrets d'économies d'énergie combinés à la réduction des coûts. « Il est possible de com-bler le retard français car les industriels sont déjà pratiquement tous confrontés à l'augmentation de leurs coûts énergétiques et accueillent favorablement l'arrivée de cette norme qui les aide à structurer leurs démarches d'efficacité énergétique de leurs entreprises.A terme,l'application de la nouvelle norme rend l'entreprise plus compétitive avec réduction des coûts et diminution du gaspillage. Sa mise en œuvre va faire baisser la facture énergétique de 15 % à 20 % dans certaines circonstances », souligne Jean-François Lucas,responsable du marché industriel au Centre Technique des Industries Aérauliques et Thermiques (Cetiat).

L'Electropole fait partie des cinq sites grenoblois de Schneider Electric à avoir obtenu sa certification ISO 50001 en mars 2012. Les cinq sites concernés (plus de 111 000 m 2 )sont dédiés à des activités tertiaires, de production et de R&D. Le siège social du groupe français situé à Rueil-Malmaison (92) a, quant à lui, était le premier bâtiment au monde à être certifié en juin 2011.

Schneider

Indépendamment d'une typologie particulière d'entreprises, les petites firmes y viendront sans doute en fonction de ce que représente la charge énergétique dans leurs comptes d'exploitation. « En effet, une entreprise dont 30 % du prix de revient d'un produit final est directement lié à l'énergie va automatiquement s'intéresser à l'ISO 50001. Actuellement les demandes des PME restent rares et dépendent des choix de leurs dirigeants. Cependant, même sans coût de charge énergétique élevé liée à un produit mais avec une facture énergétique conséquente pour laquelle plus de sobriété se montre indispensable ces dirigeants seront naturellement préoccupés par ce sujet.Par exemple,dans l'agroalimentaire, une entreprise qui fait de la déshydratation de légumes a vu le poids énergétique dans le prix de revient d'un produit passer de 15 % à 35 % en une année à cause de l'augmentation des coûts de l'énergie. Si elle ne structure pas sa démarche de maîtrise des coûts énergétique dans son système de management, elle va rapidement se poser la question de la pérennité même de son site de production », explique Jean-François Lucas.

Une norme internationale d'inspiration européenne

Consensus entre 61 pays, l'ISO 50001 reprend au niveau mondial les lignes directrices de l'EN 16001. En effet, les pays membres du CEN (Comité européen de normalisation) qui ont contribué à élaborer la nouvelle norme, ont veillé à la cohérence entre l'EN 16001 qui disparaît au profit de cette nouvelle référence internationale dans le domaine des économies d'énergie.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (IAE), son application devrait avoir un impact sur 60% de la demande d'énergie au niveau mondial. L'ISO 50001 définit les exigences de mise en œuvre des systèmes de management de l'énergie. Son rôle concerne l'efficacité énergétique, la diminution des coûts et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle fournit les lignes directrices pour développer une gestion méthodique des énergies afin de privilégier la performance énergétique.

A partir d'un diagnostic initial effectué par un organisme agréé type LRQA (en partenariat avec le Cetiat), tout industriel définit une politique énergétique adaptée aux usages et nécessités de son entreprise, puis identifie, en permanence, des cibles d'amélioration de l'efficacité énergétique. Artisans, petites et moyennes industries et sociétés du secteur tertiaire, toutes les sociétés motivées par les économies d'énergie sont concernées. Les exigences de la norme et les modalités de sa mise en œuvre doivent déboucher, à terme, sur des économies quantitatives donc à une réduction des coûts alloués aux différentes énergies.

Mais comment s'y prendre?Toute organisation (entreprise, collectivité…) alapossibi-lité de faire reconnaître sa démarche normative par un organisme tiers indépendant. Celui-ci vérifie sur site la conformité à la norme puis délivre le certificat ISO 50001. Pour être certifié, la première étape, à partir d'un diagnostic initial, consiste en un audit qui définit des cibles énergétiques puis établit un plan de comptage de l'énergie. La seconde étape devra établir le système de management qui servira à réaliser des économies en réduisant les quantités d'énergies consommées donc les factures d'électricité, de gaz, de fioul, de vapeur, de froid, etc.

Une personne responsable de l'énergie

En plus de l'accompagnement vers la certification ISO 50001,le LRQA (Lloyds Register Quality Assurance) propose l'intégration à d'autres systèmes de management déjà en place,dont les SMQ (ISO 9001),les systèmes de santé et sécurité au travail (OHSAS 18001), de la sécurité des denrées agroalimentaires (ISO 22000), et de la sécurité de l'information (ISO 27001). De plus, cet organisme facilite la migration des certifications ISO 14001 et EN 16001.

Il organise la communication sur la gestion des ressources énergétiques et renforce la confiance des parties prenantes grâce à l'engagement concernant la réduction des gaz à effet de serre avec la création d'un cadre favorisant l'efficacité énergétique tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Son approche planifiée en étapes successives assure une certification rentable qui minimise la perturbation des activités industrielle tout en améliorant productivité et conformité avec la formalisation d'une politique de management des énergies.

Pour les entreprises, le Cetiat propose, côté technique, des diagnostics énergétiques et des accompagnements à la mise en place d'actions d'efficacité énergétiques. Il regroupe des experts capables d'effectuer la revue énergétique d'un site y compris la mise en place des indices de performance énergétique. En effet, la nouvelle norme exige d'exécuter une revue énergétique qui doit déceler les points critiques.Réellement active, la nouvelle norme impose des actions concrètes d'amélioration de l'efficacité énergétique. Par exemple, le poste air comprimé est-il très consommateur ou pas? L'installation de compresseurs à vitesse variable est-il une bonne solution?

Naturellement, l'ISO 50001 stimule les pratiques de management prééminentes de l'énergie en faisant la promotion des meilleurs comportements. La nouvelle norme affiche les lignes directrices d'évaluation comparative, les méthodes de mesure et l'enregistrement des améliorations de la dépense énergétique de manière à réduire les émissions de gaz à effets de serre.

Pour rapatrier les données provenant des appareils de mesure disséminés aux quatre coins de l'usine, les solutions existent. Le logiciel de supervision Panorama IT de Codra collecte et agrège les données d'une ou plusieurs installations. Des fonctions de surveillance délivrent des analyses graphiques sur le fonctionnement des installations, leur consommation…

Codra

Particularité, l'ISO 50001 impose la désignation d'une personne qui va s'occuper exclusivement de l'énergie car, dans beaucoup d'entreprises, il y a rarement un responsable unique capable de centraliser les informations liées à ce poste de dépenses. « Cette nouvelle norme exige aussi de savoir ce que l'on absorbe avec la mise en place d'un plan de mesurage qui détermine combien et où on consomme de façon à suivre ces consommations dans le temps. Enormément d'entreprises ont pour seul point d'entrée, le compteur d'électricité ou de gaz », constate Jean-François Lucas. « Ensuite, au sein d'une structure, il faut déterminer les points d'utilisation significatifs car il n'est pas possible d'installer un compteur d'énergie derrière chaque interrupteur. En revanche,ces compteurs doivent être positionnés aux endroits significatifs.En fonction de la typologie,ils seront installés par ateliers, voire par cellule ou même par poste et la norme impose de hiérarchiser les postes avides en énergie tels que les lignes de traitements thermiques ou de surfaces qui consommeront bien plus que le poste éclairage (souvent faible par rapport à la consommation totale) » poursuit-il.

Les centrales d'air comprimé sont des postes qui consomment beaucoup d'énergie. Pour être certifié, la première étape consiste à réaliser un diagnostic initial d'une installation qui va permettre de constituer des cibles d'amélioration. La seconde étape établira un système de management qui servira à réaliser des économies en réduisant les quantités d'énergies consommées, donc les factures d'électricité, de gaz, de fioul, de vapeur, de froid, etc.

Jean Guilhem

Les certificats d'économies d'énergie

Depuis juillet 2005, le dispositif des certificats d'économies d'énergie (CEE), constitue l'instrument principal pour financer la politique de maîtrise énergétique. Ce dispositif repose sur l'obligation de réaliser des économies d'énergie imposée par les pouvoirs publics aux vendeurs d'énergie appelés les “obligés” (électricité, gaz, chaleur, froid, fioul domestique et carburants pour véhicules). Ces acteurs sont incités à promouvoir activement l'efficacité énergétique auprès de leurs clients: ménages, collectivités territoriales, ou professionnels.

Un objectif triennal est défini puis réparti entre les différents opérateurs en fonction de leurs volumes de ventes. En fin de période, ces vendeurs d'énergie “obligés” doivent justifier de l'accomplissement de leurs obligations par la détention d'un montant de certificats équivalent à ces obligations. Les certificats sont obtenus à la suite d'actions entreprises par les opérateurs ou par l'achat à d'autres acteurs ayant mené des démarches d'économies d'énergie.

En cas de non-respect de leurs obligations, les obligés doivent verser une pénalité libératoire de deux centimes d'euro par kWh manquant.

Ces certificats d'économies d'énergie sont attribués, sous conditions, par les services du ministère chargé de l'énergie, aux acteurs éligibles stimulant les initiatives d'économies d'énergie pour l'ensemble du pays.

Un engagement sur trois à cinq ans

La nouvelle norme permet, une fois la première étape franchie (revue énergétique et la définition des indices de performance énergétiques), de financer une partie de l'application. Pour stimuler le mouvement, les certificats d'économie d'énergie sont bonifiés de 50% après cette première étape puis de 100% une fois la certification obtenue. En effet, les fournisseurs d'énergie ont l'obligation de faire faire des économies à leurs clients par le biais des CEE et se positionnent maintenant comme fournisseurs de services en alignant de nouveaux moyens pour assister leurs clients et leur faire faire des économies d'énergie. « Pratiquement, une entreprise a reçu 15 000 € de son obligé, ici le fournisseur de courant, après avoir installé une variation de vitesse sur un groupe d'air comprimé. Dans ce cas, 60 % de l'investissement a été payé en Certificat d'économie d'énergie (CEE) par le fournisseur d'énergie. Ce dispositif va donc doper l'essor de certification dans les mois à venir » témoigne Jean-François Lucas.

La norme qui impose une revue énergétique sous forme de diagnostic aligne des propositions d'amélioration. Le Cetiat intervient sur le plan du comptage et de l'audit énergétique de référence. La certification acquise, une revue énergétique sera réalisée périodiquement, tous les trois mois, tous les six mois ou tous les ans avec des enregistrements qui seront conservés.

Le suivi régulier va servir à constituer le film historique de la consommation d'un site. Car, une fois acquise, l'ISO 50001 impose un diagnostic énergétique perpétuel.

Etre certifié apporte la reconnaissance des clients, des fournisseurs et partenaires. La certification montre que l'on utilise les MTD (Meilleures techniques disponibles) auprès des inspecteurs de la Dreal (Direction régio-nale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), un organisme capable d'imposer la mise en œuvre de ces tech-niques sur des sites particulièrement énergivores. Cependant, chaque année, l'entreprise certifiée ISO 50001, doit entreprendre des actions qui vont prouver, lors de l'audit de renouvellement, qu'elle a mis en place des améliorations année après année pour une démarche qui se poursuit dans la durée.Pour aider les entreprises, l'Afnor édite une plaquette dédiée au programme de normalisation sur l'utilisation rationnelle de l'énergie et sur l'efficacité énergétique. Cet organisme publie aussi un ensemble de normes qui assistent la mise en œuvre de l'ISO 50001. Ces normes “en appuis” de la 50001 concernent la normalisation des méthodes de calcul de la consommation énergétique de référence ou base line , mais en plus des méthodes de calcul liées aux économies d'énergie et à l'efficacité énergétique. « C'est donc une action de longue haleine à ne pas prendre à la légère et je conseille aux industriels de faire réaliser un audit énergétique approfondi à T0 lorsqu'ils débutent leur démarche de référence de manière à étudier un plan d'action très abouti afin de le mettre en œuvre sur trois à cinq ans en fonction du rythme de leur entreprise » conclut Catherine Moutet.

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